Friday, March 24, 2006

Citation du 25 mars 2006

« Le moi se compose d'une âme, d'un corps et d'un vêtement. »

William James

Bonjour les fashion victimes ! C’est à vous que s’adresse la Citation du jour. A vous les toxicos de la fringue, à vous les damnés de l’accessoire et de la fripe, vous qui désespérez de vous délivrer un jour de votre addiction : voici William James - soi-même - qui vient vous réconforter.

Qu’est-ce que le moi ? C’est la conscience que j’ai de moi-même. Bon. Je suis donc une âme et un corps. Oui, mais je suis aussi ce que les autres voient de moi ; et pour autant que nos sociétés le permettent, je peux tenter de traduire cette intuition dans cette apparence. Et cette apparence, c’est le vêtement.

En m’habillant, certes, je me cache : je me protège des intempéries, et je dissimule aux autres ce que ma maman m’a appris à dissimuler. Mais je ne me contente pas de cela : en m’habillant, je me montre aussi.

Alors bien sûr cette exhibition peut être dissimulation : l’habit ne fait pas le moine. Elle peut encore être une dénaturation contre laquelle a été inventée la pratique du vendredi libre (où l’on s’habille un jour par semaine comme bon nous semble). Mais elle est aussi une traduction en terme de formes de couleurs etc. de cette personnalité que nous voulons être. Et pas seulement pour moi : aussi pour les autres - surtout pour les autres.

Alors vous, les fashion victimes, qu’est-ce qui fait de vous des victimes ?

C’est le changement permanent de la mode. Depuis longtemps on l’a dit : la mode, c’est ce qui se démode. D’où la nécessité de renouveler des vêtements encore utilisables ; ruineux, mais banal. Mais surtout la mode c’est ce qui fabrique, de façon collective, une personnalité, un moi vestimentaire. Et là le changement, incontrôlable par l’individu, devient très gênant ; je ne peux plus me « traduire » dans le vêtement. Bien au contraire : c’est lui qui me traduit, c’est à dire qui me transpose dans un style qui ne m’appartient pas, qui m’est imposé, qui devient une marque d’appartenance à un groupe (par exemple celui des Djeun’z ou des Seniors ou des Ménagères de moins de 50 ans (non, là je blague)).

Bref, voilà le diagnostic : les fashion victimes ont un nous à la place du moi.

Vous le saviez déjà ? Bon je ferai mieux demain.

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