Tuesday, May 16, 2006

Citation du 17 mai 2006

"Quand vous ouvrez une école, vous fermez une prison".

Victor Hugo

1 - Ouvrir une école = fermer une prison.

Pour Victor Hugo, la délinquance devait être le fruit de l’ignorance et de la misère résultant de l’ignorance ; l’école source de toute vertu républicaine était aussi par l’éducation dispensée à tous la condition de la justice sociale, en sorte que tous ceux qui en avaient le désir devaient, grâce à elle, échapper à la faim qui pousse à voler pour vivre. En bref l’école avait pour lui le rôle de correcteur des inégalités de condition. Et aujourd’hui ?

2 - J’ouvre une école pour éviter d’ouvrir une prison.

On l’a dit et répété, du temps du gouvernent de gauche : la gauche pratique une politique de casse sociale, comme n’importe quel gouvernement libéral ; et elle compte sur l’école pour réparer les pots cassé. Je réduis à la misère et au chômage les banlieues, mais je crée des ZEP ou les bons instits vont remettre à flots ces pauvres enfants livrés à eux mêmes par des parents incapables, submergés par leur dénuement, et tentés par tous les trafics. Résultat ?

3 - L’école = comme les prisons, sous le contrôle de la police

Et si les écoles étaient des bouges infectes pour la racaille des banlieues, en sorte qu’il faille transformer les écoles en prisons ? C’est ce que nos journaux révèlent aux yeux effarés du public. Trafic, violence, racket en tous genre ; profs menacés, armes blanches (pour le moment) dans les cours de récréation, continuez vous même la liste, je fatigue.

Ne comptez pas sur moi pour pleurer sur la situation de l’école, ça prendrait trop de place pour ce post. Mais simplement je voudrais pointer ce fait que l’école n’est plus - si elle l’a jamais été - un îlot de paix et de justice comme le croyait Victor Hugo (optimisme positiviste ?). On regrette de constater que même si apprendre est une source d’égalité et de justice (quoique…), l’envie d’apprendre(1), elle, n’est absolument pas également répandue et qu’elle fait partie de l’héritage social (Bourdieu bien sûr…)


(1) Vous avez noté que je n’ai pas écrit : « la faculté »

4 comments:

Anonymous said...

C'est bien pourquoi, forte(?) de ces observations, je tâche d'oeuvrer sur les 2 terrains (politique, et scolaire)... même si le doute ne me quitte jamais, et que le découragement me guette parfois.
J'ai une petite devinette moi aussi... d'où est tiré cet extrait?
" - Le possible est un oiseau mystérieux toujours planant au dessus de l'homme.
- Il faut le prendre.
-Vivant."

Jean-Pierre Hamel said...

Belle citation, encore de Victor Hugo - 93 (merci Google !). Je ne la connaissais vraiment pas mais le contexte montre que l'optimisme de Hugo vient de ce que pour lui l'utopie est possible, c'est à dire qu'on peut l'adapter au réel sans la dénaturer.
Croyons nous aussi à l'utopie. D'accord. Où donc allons nous la situer ?
Comme Hugo - comme vous je suppose - il faut croire à la faculté de l'homme à évoluer, à surmonter les déterminismes sociaux. A condition de les connaître et d'en tenir compte. D'ailleurs le prof que je suis n'aurait pas pu exiter sans cette croyance à la plasticité de l'individu et à sa faculté à s'améliorer. Sinon définissons le - par exemple - comme un parfait crétin et renonçons tout de suite à lui apprendre quelque chose.
Bref, je crois, cher(e) Pyrrhon, que dans ce domaine là au moins vous n'êtes pas sceptique.

Anonymous said...

Pas si sûr...
En réalité s'il est un sujet sur lequel je suis particulièrement sceptique, c'est bien celui de ma conception de l'Homme. Je me débats jour après jour dans mes contradictions. D'un côté une aspiration sincère à la confiance dans la perfectibilité humaine, je veux de toutes mes forces y croire, faire preuve d'un humanisme enthousiaste et sans faille. De l'autre côté, un cynisme (au sens courant) profond, une désespérence abyssale quant à l'humanité. Je crois que mes engagements me servent un peu de thérapie! Je m'y raccroche comme à une bouée de sauvetage, pour garder le courage de vivre parmi mes semblables. Pour autant je n'aurais pas la prétention terrible de me croire à eux supérieure. Enfin... parfois si, peut-être (Chateaubriand disait passer sa vie à rabaisser sa vie au niveau de celle des autres... c'est mon côté romantique, dirons-nous). Je ne suis pas certaine de mes convictions (c'est assez paradoxal, n'est-ce pas?) mais si c'est nous, humains, qui faisons de l'humanité ce qu'elle est, je préfère viser comme idéal régulateur l'égalité et la perfectibilité. C'est un guide que j'essaie de ne pas lâcher. Sommes-nous tous égaux dans la médiocrité?

Anonymous said...

Enthousiasme.

Un enthousiasme nécessaire, et avec failles. Les ornières sur lesquelles nous butons nous révèlent certaines incapacités, nous rappellent à l’ordre des choses, sans doute à avancer avec prudence. Chaque jour qui passe, nous enseigne. Les vérités d’hier deviennent obsolètes, il y a bien matière à remettre nos convictions en « paradoxe », mais c’est peut-être à travers les valeurs en lesquelles nous croyons que l’on peut se raccrocher pour ne pas perdre pied. Tout en jouant avec cette fameuse plasticité, bien évidemment.

Il y a quelque chose qui me chiffonne dans la citation de Chateaubriand, le verbe bien entendu. Et s’il avait dit « s’élever au niveau de celle des autres » – ça me chiffonnerait aussi- .