Friday, November 17, 2006

Citation du 18 novembre 2006

Qu'un ministre veille sur ses paroles. Il lui vaut mieux faire vingt sottises qu'en dire une.

La Beaumelle - Mes pensées ou Le qu'en dira-t-on - 1752

La Beaumelle ne connaissait pas les plateaux de télévision, mais il avait pressenti l’influence des medias. Les paroles sont plus dangereuses que les actes, et les dérapages verbaux des hommes politiques (le dernier en date : Georges Frêche (1)) nous le montrent aisément.

Bien entendu, l’auteur se place dans l’optique de la conservation du pouvoir, et non dans celle de la réussite de sa mission de Bien Public. Mais, même dans cette perspective, on reste surpris : comment les actes auraient-ils moins de poids que les mots ?

On est en effet tenté de relier cette affirmation avec l’actuelle campagne électorale. Dans cette période, on peut le comprendre facilement, le discours a plus d’importance que les actes, vu que les actes c’est pour plus tard et que les électeurs doivent se décider sur le discours. Pourtant, dans la citation qui nous intéresse, il s’agit de ministres et non de candidats, des hommes qui agissent et non de ceux qui promettent.

Mais il y a plus. Les actes sont de compréhension difficile : comment savoir si un acte est une sottise ? Bien des sottises se sont révélées avec le temps être des mesures judicieuses ; bien des décisions jugées opportunes par l’opinion publique, se sont révélées plus tard catastrophiques. C’est dans la réalité historique que se déploie l’action du politicien. En revanche, les paroles sont pour la consommation immédiate ; leur effet s’épuise dans le présent - à moins de considérer que les retombées ultérieures de l’acte ne ravive leur propos d’alors et ne leur donne une couleur désastreuse (2).

Le drame aujourd’hui, si l’on s’en tient aux ministres évoqués dans la citation, c’est qu’ils ne peuvent se taire : ils ont l’obligation de communiquer. Tout l’art du ministre est alors de faire une sottise sans que cela transparaisse dans ses propos. Voire même : en la rattrapant par ses propos.

(1) http://www.liberation.fr/actualite/politiques/217680.FR.php

(2) C’est Georges W Bush, à la veille du passage de l’ouragan Caterina, disant à la télé, à l’intention des habitants de la Louisiane : « Nous allons prier pour vous »

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