Wednesday, November 29, 2006

Citation du 30 novembre 2006

Donner aux uns, ça veut dire prendre aux autres.

Georges Wolinski

- Heureusement qu’il y a des riches pour donner aux pauvres ! Heureusement qu’il y a des Robin des Bois pour les aider à donner, au cas où ils n’y penseraient pas.

Wolinski nous donne un cours d’économie : donner et voler sont deux modes corrélatifs de la circulation de la richesse. Le moine et Robin des Bois font la même chose, la seule différence étant dans l’origine de ce qu’ils donnent : le moine donne ce qu’on lui a donné ; Robin donne ce qu’il a volé aux voleurs. Alors, on dira certes que le voleur ne donne pas toujours aux autres et que Robin des Bois n’est qu’une fiction. Bien sûr. Mais ce qui les oppose est moins fort que ce qui les réunit : c’est au marchand qu’ils s’opposent tous deux également. Le voleur comme le moine n’échangent rien ; l’un prend sans contrepartie ; l’autre donne sans contrepartie. En revanche, ce qui caractérise le marchand, c’est l’échange. Bilatéralité d’un coté ; unilatéralité de l’autre.

- Ouf, voilà le cours d’économie terminé. C’est la récré, vite dehors pour fumer sa clope !

- Pas si vite, jeunes gens ! Nous n’avons pas encore épuisé le contenu de la pensée de Georges W. : il semble bien, en effet, exclure que ce qu’on donne soit notre production. A-t-il raison ? Pourquoi, l’argent que je donne à un pauvre ne proviendrait-il pas de la vente de mes salades, produites dans mon jardin, par mon travail ? C’est qu’il imagine l’économie comme un jeu entre des partenaires qui font circuler les richesses entre eux, l’enrichissent des uns résultant de l’appauvrissement des autres ; un jeu gagnant-perdant, la quantité de richesse restant identique au cours du jeu. Une sorte tombola ou de Monopoly. Mais à ce compte il n’y aurait rapidement plus grand chose à donner, à moins d’aller piller les pays voisins

La question se déplace donc : de « Qu’est-ce que le don ? » (1), on passe à : « D’où vient la richesse ? ». On connaît la réponse de Marx (après celle de Stuart Mill, quand même !) : la richesse vient du travail humain : lui seul produit plus qu’il ne consomme. Pour qu’un échange apparaisse, il faut qu’il y ait excès d’un bien quelconque (même si la pénurie reste globalement une réalité). Qu’importe que le moine redistribue ses dons et Robin des Bois ses larcins. C’est toujours le produit du travail des autres qui circule, et si personne n’avait produit, personne ne donnerait et personne ne recevrait.

Alors, jeunes gens, vous avez compris le message ? Les pauvres à qui on fait l’aumône restent pauvres : pour s’enrichir il leur faut produire et entrer dans le jeu de l’échange entre producteurs, un jeu gagnant-gagnant cette fois. Au travail les feignants !

Vous avez compris ? Ça y est ! Vous êtes prêts pour la campagne des présidentielles.

(1) Voir citations des 7 et 8 juin

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