Friday, February 02, 2007

Citation du 3 février 2007

Deviens qui tu es (Genoi oios esti ).

Pindare

Que dit ta conscience ? « Tu dois devenir qui tu es. »

Nietzsche, Le Gai Savoir § 270

Deviens, ne cesse de devenir qui tu es — le maître et le formateur de toi-même

Nietzsche Fragments inédits § 11

Le célèbre paradoxe de Pindare – comment devenir ce que l’on est déjà – exerce toujours la même fascination sur l’esprit en particulier chez les plus jeunes qui y voient sans doute, comme Nietzsche, un encouragement à persévérer dans leur être – dans leur personnalité, dans leurs choix, etc… Que Pindare ait songé d’avantage à la nécessité de se découvrir soi-même (cf. l’injonction socratique) pour prendre conscience de ce qui nous sépare des Immortels a finalement assez peu d’importance : nous vivons le triomphe de l’individualisme, donc de l’individuation.

L’un de nos anthropologue (dont le nom m’échappe pour le moment) considère même que l’existence humaine est caractérisée par un processus d’individuation continu : de la naissance à la mort, c’est cela qui soutient l’évolution de l’individu.

Première conséquence, il n’y a pas de différence notables entre deux nouveaux nés, parce que celles-ci ne se sont pas encore développées. Mais il est certain qu’ils vont se distinguer l’un de l’autre de plus en plus au cours du temps (la question de savoir si c’est de l’acquis culturel ou un développement de caractères génétiques spécifiques n’étant pas posée ici).

Deuxième conséquence : la vieillesse n’a rien de spécifique, elle n’est que le prolongement de l’individuation. L’intolérance des vieux, leur refus de s’adapter pourrait donc venir de cette particularisation, développée et revendiquée : « J’ai bien le droit de vivre comme je l’entends, de dire ce que je pense, de faire ce que je veux ». Du coup, vieillir n’a rien d’effrayant, ce n’est pas une rupture, ce n’est surtout pas une involution. Et rester jeune n’est pas plus désirable que de retomber en enfance, puisque la jeunesse est l’époque de l’impersonnalité..

De Pindare à Nietzsche, cet aphorisme est apparu comme un précepte à suivre, comme un choix qu’il faut faire. En réalité, il se révèle ici comme la loi de l’existence, entendez : une loi indicative et non un précepte normatif. Si nous sommes si différents les uns des autres, c’est parce que nous sommes des individus différentiés. Chacun de nous est toujours plus authentiquement lui-même au cours de sa vie.

Oui mais du coup, si le grand-père est devenu en vieillissant super-chiant, vous êtes obligé d’admettre que c’était dans sa nature

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