Wednesday, March 14, 2007

Citation du 15 mars 2007

Le régime totalitaire est un régime où tout ce qui n'est pas interdit est obligatoire.

Malaparte

Trois possibilités :

- 1 - Tout ce qui n’est pas interdit par la loi est autorisé. Nous sommes sous ce régime, et sous réserve que le domaine de l’interdit soit justifié (cf. Déclaration des droits de l’homme), la liberté, même limitée, reste authentique : car, puisque la loi qui encadre la liberté ne lui prescrit pas ce qu’elle doit faire, l’invention libre reste possible. Etre libre, c’est être - de droit - imprévisible.

- 2 - Tout ce qui n’est pas autorisé par la loi est interdit : c’est la tyrannie, puisque les seuls actes non répréhensibles sont en quelque sorte programmés à l’avance, et que de ce fait, toutes les actions possibles sont parfaitement prévisibles et définies.

- 3 - Tout ce qui n’est pas interdit par la loi est obligatoire. Malaparte renchérit donc sur la formule précédente : non seulement ce que la loi préconise est permis, mais c’est même obligatoire. Les réjouissances populaires pour la fête de la nation sont permises par la loi (on peut lancer des pétards et danser sur les places publiques) ; mais supposez que ce soit obligatoire ? (1)

Voilà donc ce qu’il faut pour détruire la liberté : il faut trucider la volonté. Et pour détruire la volonté, il faut la priver de l’occasion de s’exercer en la devançant, en voulant avant elle et à sa place. Au fond, ce que dit Malaparte n’a peut-être pas l’occasion de se réaliser chez nous dans l’ordre politique (espérons-le pour quelque temps encore - attention à bien voter). Mais dans l’ordre de la famille, des amis, voire même de la profession, on voit régulièrement de telles choses.

« Kévin, tu penseras à monter chez ta grand-mère pour lui souhaiter sa fête, n’est-ce pas ? ».

« Chéri, tu sais quel jour on est ? Tu n’as pas oublié notre anniversaire de mariage, hein ? ».

« Moulinot, votre client, là, c’est bien celui qui nous a passé cette grosse commande alors que notre concurrent était moins cher ? Vous avez bien l’intention de lui faire un petit cadeau, je suppose ? ».

(1) Rappelez-vous Brassens : Le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet

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