Friday, April 18, 2008

Citation du 19 avril 2008

Les vieux ? Deux fois enfants !

Aristophane - Les nuées (vers 1417)

Si comme moi, Molière vous laisse de marbre, essayez Aristophane : les Nuées ou Lysistrata me font tordre de rire. Pourquoi pas vous ?
Dans les Nuées, Philippide, le jeune héros d’Aristophane, ne se contente pas de rosser son père : il se justifie, aidé en cela par le Raisonnement-Tordu, sophisme enseigné par Socrate (1). Selon lui, rosser son père est enseigné par la nature : les animaux - les coqs en l’occurrence - étant supposé le faire.

- Quels sont les ages de la vie ?

- L’enfance, l’adolescence, l’âge adulte et la vieillesse.

- Tient ? Les vieux ne sont donc pas des adultes ?

- Ben oui, puisqu’on dit qu’ils retombent en enfance.

Tout cela n’est absolument pas de la fiction, due à un cerveau misanthropique. C’est simplement ce que j’ai entendu bien des fois, de jeunes gens sains d’esprit et pleins d’énergie vitale.

Et alors, que dit Aristophane ? Qu’on doit traiter les vieux comme on traite les enfants quand ils n’obéissent pas aux adultes : la fessée ! Et plutôt deux fois qu’une, puisqu’ils sont deux fois enfants… (2)

Bon, je reconnais qu’on n’en est pas là. Mais avouez que la vie moderne, avec son éparpillement de la famille, et donc sa restriction à la cellule familiale et provisoire est peu favorable à une vie autonome des vieillards. Dès qu’ils ne sont plus capables d’assumer leurs besoins quotidiens, ils sont rejetés par leurs enfants comme gâteux, gênant, fatigants.

Sans revenir sur une question souvent débattues ici même (3), je voudrais dire que le respect des anciens n’est pas forcément dû à leur position d’ancêtres dans la famille. D’ailleurs la famille n’est pas forcément une structure signifiante dans les sociétés traditionnelles. Si pour les romains, les Anciens constituaient une autorité c’est qu’en raison de leur proximité avec la mort, donc avec l’au-delà, ils possèdent une influence particulière : ils sont « médiateurs » privilégiées avec les Dieux. Respectés parce que craints. Dès lors qu’on ne craint plus les Dieux, on ne respecte plus les vieux.

Et chez nous, aujourd’hui ? Les vieux ne sont plus des adultes parce qu’ils ont perdu ce pouvoir de faire qui caractérise l’homme dans la force de la vie. Le respect des vieux ne tient que par l’autorité de la morale, qui comme on le sait, ne parle aujourd’hui que là où l’intérêt la soutient.

(1) Un Socrate plus sophiste que philosophe : une vraie revanche pour tous ceux que le Socrate de Platon énerve par sa fausse bonhomie (Aïe ! me tapez pas !)

(2) D’ailleurs voici la suite de la tirade de Philippide : « II est donc juste que les vieux pleurent plus que les jeunes, d'autant plus que leurs fautes sont moins excusables. »

(3) Le 16 novembre 2007 par exemple

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