Tuesday, July 08, 2008

Citation du 9 juillet 2008

Article 59. Octroyons aux affranchis les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres; voulons que le mérite d'une liberté acquise produise en eux, tant pour leurs personnes que pour leurs biens, les mêmes effets que le bonheur de la liberté naturelle cause à nos autres sujets.

Code noir – 1685 (1)

Qu’est-ce que la liberté ? Question inutile et suspicieuse, puisque la liberté c’est la part de l’imprévisible présent dans chaque individu, c’est ce choix qu’on peut faire à tout moment de changer de trottoir sans raison apparente, de continuer de vivre avec les mêmes personnes ou de le refuser, etc…

Alors, les dictionnaires de philosophie – entre autre – nous en avertissent : la liberté a d’abord été une condition social, celle du citoyen grec ou romain par opposition à l’esclave, et ce n’est qu’ensuite qu’on s’est avisé de décrire les prérogatives de ce statut en gardant le même vocable.

On le sait, mais on l’oublie régulièrement.

Voici donc l’article59 du Code noir qui remet les idées en place :

- d’abord on peut avoir la liberté par privilège de naissance, c’est même la seule façon « normale » d’être libre. On naît libre, comme on naît noble ou roturier. Etre libre, c’est donc bien bénéficier d’une position sociale donnée par la naissance, et c’est même pour cela que la déclaration des droits de l’homme commence par la formule : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.» : puisqu’on ne peut pas faire que la liberté s’obtienne autrement que par la naissance, alors faisons qu’elle soit universelle.

- ensuite, être libre, c’est bénéficier d’avantages qu’on peut énumérer et décrire, car ils sont fixés par le droit. Ajoutons que certains de ces droits sont des privilèges, ce qui suppose bien que tout être humain n’en bénéficie pas.

On pourrait dire : voilà de vieilles conventions qui ont été balayées par la révolution - comme on vient justement de le voir - et par l'évolution de nos sociétés Passons à autre chose.

« Passons à autre chose » : oui, et heureusement. Mais pas avant d’avoir repéré les comment notre propre vision de la liberté se détache de cette conception « sociale ».

Et en particulier que la liberté serait un effort à faire sur nous-mêmes, qu’elle supposerait une ascèse, un combat contre nous-mêmes, qui ferait qu’on ne naît pas libre ; on le devient.

(1) Code noir : ensemble de règles destinées à réglementer l’esclavage dans les Antilles - Signé de Louis XIV. A lire ici (je l’avais aussi évoqué dans un post du 10 mai 2006)

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