Thursday, October 09, 2008

Citation du 10 octobre 2008


Octobre est un mois particulièrement dangereux pour spéculer en bourse. Mais il y en a d'autres : juillet, janvier, septembre, avril, novembre, mai, mars, juin, décembre, août et février.

Mark Twain

Voilà qui est dit. Si maintenant vous vous désolez d’avoir perdu en bourse les pauvres économies que vous accumuliez pour vos vieux jours, tant pis pour vous. Vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous avait pas prévenu.

Je sais : je ne devrais pas dire ça, parce que même les plus rusés spéculateurs se sont fait plumer par la crise actuelle, et les plus savants spécialistes de l’économie se reconnaissent au fait qu’il avouent ne plus rien y comprendre.

Pour comprendre ce qui nous arrive j’ai fouillé dans ma mémoire à la recherche d’un modèle, et j’ai trouvé ceci : le Bug. Oui, le Bug de l’an 2000 !

Alors, certes de fameux bug n’a pas eu lieu – peut-être du reste parce qu’on l’a vu venir – mais il nous révèle un peu ce qui se passe aujourd’hui : c’est la panne.

Qui niera que la crise actuelle correspond à une panne dans la circulation des liquidités ? Les subprimes n’ont fait qu’allumer la mèche mais ce qui explose aujourd’hui c’est le blocage généralisé du crédit, qui affecte tout le circuit de la finance et – hélas ! – aussi de l’économie.

Or souvenez vous, à la veille de l’an 2000 on a cru que tous les dispositifs asservis à des ordinateurs allaient se bloquer aussi au changement de millésime, que les ascenseurs allaient s’immobiliser, les trains s’arrêter, les avions tomber, les centrales nucléaires exploser.

--> Petite histoire de la panne (1) : la panne est une réalité liée à l’essor de la technique : l’outil ne tombe pas en panne ; il casse et le forgeron du village le répare.

Le développement de la panne suit les progrès des technologies : d’abord issue des matériaux (oxydation, grippage, perte de solidité), la panne migre de la machine d’un côté vers son concepteur (incapable d’anticiper toutes les interactions entre les éléments du système qu’il a conçu – c’est le bug), et de l’autre vers ses utilisateurs (incapables d’utiliser proprement leur machine).

C’est ce dernier élément qui nous importe ici. Pour éviter ce genre de panne, on limite les interventions possibles des usagers sur les machines qui sont mises à leurs dispositions.

C’est ainsi qu’on a vu les fabricants de télécommandes pour téléviseurs, enregistreurs, etc. mettre, pour masquer certains boutons, un volet que n’ouvraient que les hardis pionniers de la technologie.

Même si on conçoit des machines parfaites, elles ne fonctionneront que si l’utilisateur est maintenu dans des rails parfaitement définis.

Alors on voit bien que c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui avec les circuits de la finance : les dispositifs de réglementation ont dysfonctionné, en raison bien sûr de l’appétit de profit des utilisateurs, et maintenant toutes les pannes sont possibles, ce qui veut dire qu’on ne peut absolument pas prévoir où ça va s’arrêter.

Car c’est une panne sans dépanneur.

(1) Je m’inspire ici d’un article publié dans le journal Libération le 31-12-1999 par Thibaut Honnet, consultant en système d’information.

2 comments:

Anonymous said...

Le double "n" est en grève, ou en panne ? ;-)

Jean-Pierre Hamel said...

Bigre....
C'est mon clavier qui était en panne de double "n".
Juré que c'est vrai...