Monday, October 27, 2008

Citation du 28 octobre 2008


Par tout pays, le peuple ne s’aperçoit qu’on attente à sa liberté que lorsqu’on attente à sa bourse ; ce qu’aussi les usurpateurs adroits se gardent bien de faire que tout le reste ne soit fait.

Rousseau – Lettres écrites de la montagne (7ème lettre) Edition du Seuil, p. 458

Comment nous représentons-nous la sécurité ? Comme un bouclier qui nous protège de l’impôt.

Comment imaginons-nous le Paradis ? Comme un endroit où la fiscalité n’existe pas.

Qu’est-ce que l’égalité ? Les premières revendications d’égalité ont été celles du peuple réclamant que soit mis un terme aux privilèges fiscaux des nobles (1)…

Bref, Rousseau a bien vu la chose : c’est notre argent qui nous importe, et quand à nos libertés, c’est tout à fait secondaire.

Mais sa citation comporte une seconde idée, sans doute plus inquiétante encore : ce qu’aussi les usurpateurs adroits se gardent bien de faire que tout le reste ne soit fait.

Quand le gouvernement vous pique vos sous, dites-vous qu’il vous a déjà pris tout le reste, à commencer par vos libertés.

C’est très méchant de dire cela. Très méchant et très injuste. Comment ? Le gouvernement porterait atteinte à nos libertés de nous déplacer, de nous exprimer, de pratiquer la religion que nous avons choisie ? Il censurerait la presse et nos écrits ?

Voilà ce que Rousseau pouvait imaginer au XVIIIème siècle. Mais nous nous savons bien que ça ne s’est pas réalisé.

Liberté de nous déplacer : taxe sur les carburants, péages d’autoroutes, billets d’avion, de TGV… Pourquoi voulez-vous qu’il se prive de cette manne ?

Liberté de pratiquer la religion ? Les Eglises sont vides.

Censurer la presse ? Quelle presse ? Qui la lit ?

Contrôler nos écrits ? Qui donc écrit ?

Pour que nous ayons à défendre notre liberté contre les attaques du pouvoir, il faut qu’elle soit un bien. Pour que la liberté soit un bien, il faut l’exercer.

Aujourd’hui, à part nos sous, il n’y a pas grand-chose que le gouvernement pourrait nous piquer.

Tiens encore une Leçon de pessimisme ?

– Mais non : qui donc se plaint de cette situation ? La liberté n’est pas forcément et pour tout le monde la condition du bonheur.


(1) J’emprunte cette remarque au livre de Leroy-Ladurie Le Carnaval de Roman

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