Tuesday, October 07, 2008

Citation du 7 octobre 2008

Le changement du monde n'est pas seulement création, progrès, il est d'abord et toujours décomposition, crise.

Alain Touraine – La société invisible


Le problème avec ce genre de formule, c’est de savoir ce que vaut sa réciproque.

La crise – celle d’aujourd’hui, dont on parle de façon absolue, sans préciser si elle est financière, économique, politique, sociale, etc., est-elle aussi la condition du progrès dans le monde ?

Y a-t-il quelque chose qui est entrain d’émerger, là sous nos yeux, quelque chose grâce à quoi le monde sera meilleur, plus heureux, plus sûr ?

Vous me direz peut-être qu’on a déjà le plus grand mal à discerner les contours de cette crise, ce n’est pas pour deviner ce qu’elle entraîne dans son sillage. Et je vous donnerai raison.

Mais tout de même…

Imaginons : le propre d’une crise, c’est d’être une rupture, de marquer le passage brutal entre une étape et une autre dans un développement historique ou dans un processus économique. Il est clair qu’une crise est de ce fait caractérisée par sa brièveté – qui peut être certes relative (1) – et donc par le fait qu’elle est nécessairement suivie par quelque chose de stable.

1ère observation : peut-être sommes-nous entrain de sortir du XXème siècle, pour entrer dans le XXI ème. Si l’on songe que le passage du XIXème au XXème s’était effectué par la Grande Guerre, on ne s’en tirerait pas si mal.

2ème observation : les économistes qui scrutent l’avenir voient se profiler un glissement de l’hégémonie économique – et donc bientôt politique – de l’ouest vers l’est.

Si nous ne faisons que changer de maître, je ne vois pas alors où est le progrès…


(1) Je laisserai de côté pour simplifier mon propos les crises qui s’enchaînent comme la crise de 29 qui ne trouve sa véritable résolution outre atlantique que par la seconde guerre mondiale.

3 comments:

Djabx said...

Si nous ne faisons que changer de maître, je ne vois pas alors où est le progrès…

Le maitre en question n'a pas les même façon de faire que son prédécesseur, donc ça changera beaucoup de choses.
De plus, comme ce ne sera plus seulement les pays "d'occident" qui gouverneront cet hypothétique nouvel ordre mondial, je pense que cela ouvrira notre esprit à d'autres culture (comme les états unis ont su imposé la leur).

De plus qu'est-ce que le progrès ?
Si ce n'est le changement (et peu importe le sens) ?
Il me semble que depuis des millénaires, les hommes apprennent de leurs erreurs et agissent (ou pas) suivant ces erreurs. Parfois ont met du temps à agir, parfois beaucoup moins. Au final il y a bien un progrès global, mais pas forcement à chaque incrément.

Jean-Pierre Hamel said...

De plus, comme ce ne sera plus seulement les pays "d'occident" qui gouverneront cet hypothétique nouvel ordre mondial, je pense que cela ouvrira notre esprit à d’autres cultures
- Découvrir la culture chinoise dans une usine gérée à la chinoise, je ne crois pas que ce serait très passionnant
De plus qu'est-ce que le progrès ?
Si ce n'est le changement (et peu importe le sens)
- Je tiens que le progrès doit correspondre à la définition de Ricœur « Un plus qui est aussi un mieux », sinon le mot n’a plus d’intérêt. Reste que ça pose la question du point de vue par rapport au quel on va évaluer le progrès. Evidement le consensus ne peut s’établir là dessus mais un devrait au moins savoir quand on en discute, quelle est la valeur de référence choisie par notre interlocuteur.

Il me semble que depuis des millénaires, les hommes apprennent de leurs erreurs et agissent (ou pas) suivant ces erreurs. Parfois ont met du temps à agir, parfois beaucoup moins. Au final il y a bien un progrès global, mais pas forcement à chaque incrément.
- Ça marche à condition qu’on ait justement une référence unique pour viser le progrès depuis le début des temps, jusqu’à aujourd’hui. En général on est d’accord pour dire que c’est la sécurité matérielle et donc le progrès technique qui assure cette continuité.
Mais si vous étiez islamiste, ou intégriste de quelque secte que ce soit, je doute fort que vous seriez d’accord pour dire que le progrès court le long de l’histoire sans discontinuer : la décadence ferait partie de votre vision du monde

Djabx said...

Découvrir la culture chinoise dans une usine gérée à la chinoise, je ne crois pas que ce serait très passionnant
Aujourd'hui nous sommes sous influence américaine, et pourtant cela n'empêche pas nos société de travailler plus ou moins à leurs manières.
Il y aura des changements, mais de la à dire qu'on sera payé avec un bol de riz par jour... je pense que même en chine c'est une situation qui va changer.


je doute fort que vous seriez d’accord pour dire que le progrès court le long de l’histoire sans discontinuer : la décadence ferait partie de votre vision du monde

Je ne suis pas tout à fait d'accord, même pour les islamistes.
Je pense que même ces intégristes sont conscient du progrès (au sens de Ricœur) qu'il a été fait depuis la nuit des temps, ainsi on mange "globalement" plus facilement que du temps des "cavernes" (même si je vous l'accord il y a encore beaucoup à faire en la matière).
Là où les intégristes ne sont pas en accord avec nous (monde occidental), là où ils voient une décadence, c'est plus dans nos moeurs, nos façon de s'habiller, de faire, de penser notre environnement et peut-être aussi de l'imposer aux autres.
Mais rien ne nous prouve que la liberté de moeurs soit un progrès. Peut-être que demain on trouvera que les libertés individuelles étaient une belle bêtise. Ainsi ce qui nous apparait comme un progrès aujourd'hui, sera une régression demain.

Je pense que c'est le présent qui fait son interprétation du passé.
Aujourd'hui on acclame haut et fort nos chers résistants, et pourtant à l'époque, ils étaient traités de terroristes, même par des français.

On pourrait faire un parallèle avec l'évolution des espèces.
Nous et les autres animaux, évoluons toujours mais on ne peut pas dire si c'est dans le bon, ou le mauvais sens, le fait est simplement que nous évoluons suivant une règle considérée comme simple: les évolutions qui survivent perdurent.
Dans tous les cas, n'est-ce pas ça le progrès ?