Sunday, May 24, 2009

Citation du 25 mai 2009

La crédulité est un signe d'extraction : elle est peuple par essence. Le sceptique, l'esprit critique est l'aristocratie de l'intelligence.

Edmond et Jules de Goncourt – Journal (24 mai 1861)

Oui, je sais : les Goncourt sont irritants avec leur préjugé de classe, leur croyance à une nature populaire opposée à une nature aristocratique…

Toutefois, si on veut bien l’oublier, cette opposition entre la faiblesse de la crédulité et la force de l’intelligence sceptique – à condition il est vrai de l’identifier à l’esprit critique – ne manque pas d’intérêt.

La crédulité : croire sans autre preuves que celle de l’autorité de celui qui parle. Et aussi : croire parce que ça console ou que ça tranquillise.

Le scepticisme comporte une forme qui n’aboutit pas à l’esprit critique : ce scepticisme contient une volonté de rester en deçà de la critique, pour pérenniser cette position en absence d’issue. Impossible de faire marche arrière, impossible d’aller plus avant. (1)

On a parfois associé Descartes à cette attitude ; le doute n’est-ce pas…

Par contre, les Goncourt identifient le scepticisme à l’esprit critique, c'est à dire justement à ce qui commence avec ce doute. Qui commence, mais qui ne finit pas avec lui.

Et c'est là qu’on retrouve Descartes, qui commence l’exposé de sa méthode avec ce précepte si connu : ne jamais admettre aucun chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle. Ce qu’il recherche, c’est à évacuer les préjugés qui font obstacle à la vérité.

Il ne peut être sceptique, puisque la vérité évidente est l’horizon immédiat de sa démarche.


(1) Sur la croyance qu’il ne faut croire à rien : voir ici.

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