La plus nécessaire disposition pour goûter les plaisirs, c'est de savoir s'en passer.
Madame de Lambert (1647-1733) – Avis d'une mère à son fils
Voyez comme le bonheur est simple, s’il est lié au plaisir : il suffit de choisir les plaisirs facultatifs. Fumer, oui, mais à condition de ne pas être accro au tabac ; boire seulement si vous n’êtes pas alcoolique.
Et vous allez vous récrier : mais comment éprouver du plaisir s’il s’agit de quelque chose qui ne nous tente pas ? Et si ça ne nous tente vraiment qu’au moment même où nous le prenons, ce plaisir – comme le rut animal une fois par an – alors nous retombons dans le cas de la contrainte et on ne goûterait plus le plaisir…
Je vais raconter quelque chose qui, moi, me permet de mieux comprendre cette citation. En 1968 – ça ne nous rajeunit pas – voilà que les cigarettes viennent à manquer. Grève de la SEITA, paralysie des transports, etc. Moi qui à l’époque étais fumeur, me voilà à courir partout pour trouver mes clopes. De la région parisienne je devais m’éloigner toujours d’avantage vers la province pour trouver des bureaux de tabacs pas encore démunis. Sauf que comme on le sait les stations services ont aussi été fermées et on n’avait plus que les camions de l’armée pour se déplacer : inutile de dire que eux il ne faisaient pas la tournée des bureaux de tabacs.
Bref, même une fois sorti ce cette « chienlit », mon plaisir n’était plus le même : j’avais découvert mon assujettissement et c’est ça qui rompait le charme.
Madame de Lambert nous avertit que le vrai plaisir est celui qui s’accompagne de liberté. Toute contrainte l’altère même quand il s’agit de la contrainte issue du besoin de prendre ce plaisir.
Autant dire que le vrai plaisir n’est autre que celui qui est lié à l’exercice de la liberté.
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