Saturday, August 08, 2009

Citation du 9 août 2009

Le seul élément qui puisse remplacer la dépendance à l'égard du passé est la dépendance à l'égard de l'avenir.

John Dos Passos Contre la littérature américaine

Dépendance pour dépendance, le mieux serait de ne plus du tout avoir de passé ni d’avenir.

Ce serait là l’indépendance, c'est-à-dire la liberté. Mais, est-ce possible ?

Mon exellllent alias, Docteur-Philo a traité la question dans un des Post dont il a le secret (voir ici pour ceux qui y auraient échappé).

Mais comme il ne sait pas aligner deux idées sans faire appel à saint Augustin, je crois plus raisonnable de reprendre la question : vaut-il mieux vivre dans les projets plutôt que dans les souvenirs de nos gloires passées ?

Ne risque-t-on pas comme Perrette et le pot au lait de pleurer amèrement pour avoir trop pensé à l’avenir au lieu d’assurer le présent ? Et si Perrette fait mieux la fois suivante, n’est-ce pas parce qu’elle aura gardé le souvenir de son échec ? Doit-on en conclure que le présent est synthèse du projet et de l’expérience acquise ?

Oui ; évidemment… Mais, amis lecteurs, seriez-vous si avides de retrouver chaque matin La citation du jour, si c’était pour y lire de pareilles banalités ?

Non, bien sûr…

Ce qui vous intéresse, c’est bien de revenir à cette indépendance dont on vous avait fait la promesse en commençant : comment être indépendant et du passé, et de l’avenir ?

Laissons donc de côté la question de leurs avantages comparés, et concentrons nous sur le présent. Il y a dans le présent quelque chose de merveilleux : le présent, c’est le temps de la jouissance. Ce n’est ni le souvenir, ni l’espérance qui sont jouissance, mais ce que nous vivons comme actuel, comme intégralement actuel.

Autant dire que le présent c’est le temps du fantasme – on laissera de côté l’aspect sexuel du fantasme, qui n’est là que pour donner un exemple facilement compréhensible de son fonctionnement (1). Le fantasme est entendu ici comme jouissance effectivement vécue à partir de productions imaginaires indifférentes aux conditions de réalisation pratique, elles mêmes dépendantes du contexte, de l’expérience, etc., etc…

Ah !... Si seulement Perrette avait fantasmé…

L’erreur de Perrette est d’avoir imaginé tout le processus permettant d’acquérir la vache et le veau : on dira qu’elle était dans l’action, mais pas suffisamment, d’où sa maladresse.

Mais en réalité elle y était déjà trop : si elle s’était assoupie au pied de son arbre, à rêver le troupeau au milieu du quel sautaient ces bestiaux, elle n’aurait eu aucune déconvenue, et elle n’aurait pas été battue par son mari.

Pour vivre dans le présent - et seulement dans le présent - mes frères, jouissez sans entraves !


(1) Voir l’article de Wikipedia : Dans le domaine de la sexualité, le fantasme est un scénario érotique, imaginaire ou non, provoquant une pulsion ou une excitation sexuelle au point d'être assouvie mais pas nécessairement, du fait de l'auto-censure sociale ou religieuse.

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