Friday, November 20, 2009

Citation du 21 novembre 2009

Il faut d'abord savoir ce que l'on veut, il faut ensuite avoir le courage de le dire, il faut ensuite l'énergie de le faire.

Georges Clemenceau

Savoir, et puis avoir le courage de dire, et enfin mobiliser son énergie pour faire : trois préalables à l’action, trois conditions sans les quelles elle ne pourrait pas exister. Et on dit que l’homme d’action se reconnaît à ce qu’il agit sans délai…

Bon, passons. Reste quand même quelque chose qui étonne : qu’il faille savoir ce qu’on veut faire pour agir, oui, évidemment ; qu’il faille une certaine énergie pour le faire, ça peut arriver. Mais pourquoi diable faudrait-il en plus le dire ?

Imaginons : vous avez coincé votre ennemi intime dans un fond de couloir obscur sans témoin.

1 - Vous savez au moins une chose : votre souhait le plus cher, c’est de le supprimer.

2 - Alors vous lui dites : Je vais te crever, salaud !

3 - Et enfin vous sortez votre couteau de votre chaussette, et vous lui enfoncez dans le ventre.

Est-ce que vous croyez que c’est à ce genre d’exemple que songeait Clemenceau ? Moi je ne le crois pas.

Je crois en fait que sa phrase ne prend son sens que dans le cas de l’action politique. Oui, c’est l’homme d’Etat qui doit, avant d’agir, savoir clairement où il veut aller et avoir l’énergie de déployer son action. Mais surtout il doit dire à ses électeurs ce qu’il veut faire et comment il va l’obtenir, et ça peut sans doute demander du courage. Car s’il a été élu, ce n’est pas pour agir selon son bon vouloir, sans ça la démocratie ne serait qu’un despotisme électif. Non, les électeurs l’ont élu sur un certain programme, et ils doivent s’assurer que leurs dirigeants agissent conformément à celui-ci ; qu’ils agissent comme eux-mêmes agiraient s’ils étaient à sa place. Et donc le chef politique doit leur expliquer le rapport qu’il y a entre les mesures qu’il compte prendre, surtout si elles sont impopulaires, et ce pour quoi il a été élu.

- Mes chers concitoyens, vous m’avez élu pour préserver la Grandeur de la France. Voilà pour quoi je vais augmenter vos impôts…

Le dévoiement de la politique actuelle nous amène à nous méfier de la communication gouvernementale (« De la Com’ », dit-on avec dédain). Mais rappelons-nous que la communication est un moment essentiel de la démocratie. Sans elle, ce que nous perdons, c’est le moment du consensus.

D’ailleurs, un simple rappel : Aristote affirmait que si l’homme possède le langage, c’est parce qu’il est un animal politique (1)


(1) « Mais le langage existe en vue de manifester l'avantageux et le nuisible, et par suite aussi le juste et l'injuste » Aristote – Les politiques (livre I, ch 2, 1253a) Lire le passage ici

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