Monday, November 02, 2009

Citation du 3 novembre 2009

Pratiqué avec sérieux, le sport n'a rien à voir avec le fair-play. Il déborde de jalousie haineuse, de bestialité, du mépris de toute règle, de plaisir sadique et de violence ; en d'autres mots, c'est la guerre, les fusils en moins.

George Orwell

Le sport c’est la guerre les fusils en moins.

Dit comme ça, on peut encore souscrire à cette opinion : après tout, dans la compétition (qui est la façon sérieuse pour le sport d’exister, aujourd’hui du moins), il s’agit bien de dominer l’adversaire, de le détruire comme adversaire. A la guerre c’est la même chose après tout : l’ennemi est un homme qu’il faut détruire tant qu’il est armé ; désarmé on ne doit plus le maltraiter.

Mais, lisons mieux la phrase d’Orwell – il énumère : le sport déborde

- de jalousie haineuse ;

- de bestialité ;

- du mépris de toute règle ;

- de plaisir sadique

- de violence.

N’en jetez plus, la coupe est pleine : même à la guerre on passerait devant un tribunal international comme criminel de guerre pour moins que ça.

Allez, je vais quand même essayer de faire fonctionner la citation d’Orwell pour voir si ça tient la route.

Certes, j’ai l’impression que pas un sport ne correspondrait à ce tableau apocalyptique qu’il nous en dresse, et que même les sports de combats sont si étroitement corsetés par des règles inviolables, qu’on aurait du mal à y observer la hargne et le sadisme qui nous est décrit.

Oui, mais : n’oublions pas qu’on nous parle ici non du sport, mais de la pratique du sport, autrement dit des sportifs. Et si tout, dans la pratique du sport était haine et violence ? Et si on y transgressait les règles tant qu’il est possible (dopage entre autre) ? Et si le sport n’était finalement que l’exutoire de notre haine du prochain ? Les fusils en moins, oui. Mais à part ça, c’est tout pareil.

Accablant : on aimerait ne pas y croire. On aimerait dire : tout ça repose sur une confusion. Orwell décrit non le comportement des sportifs, mais celui des supporters.

…Oui, sans doute. Encore que pour les supporters on ne pourrait même pas dire « les fusils en moins ».

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