Friday, September 10, 2010

Citation du 11 septembre 2010

Faites-moi de bonne politique et je vous ferai de bonnes finances.

Baron Louis – Phrase historique prononcée en 1830

Comme les choses changent : ce qui devait paraître évident en 1830 est devenu totalement incongru aujourd’hui, au point qu’on lirait maintenant sans sursauter cette phrase si elle était inversée : Donnez moi de bonnes finances, et je vous ferai de la bonne politique.

Pourtant, le baron Louis, ministre des finances à cinq reprises, et sous des régimes différents savait de quoi il parlait (1). Je crois comprendre en tout cas qu’il voulait dire que dans un pays, l’organisation sociale, la décision de créer des infrastructures (routes, ponts, ports, etc.), l’établissement d’une paix juste et durable avec les pays voisins – toutes choses dont les politiques ont la charge – étaient la condition du développement économique, donc de finances saines.

Que dit-on aujourd’hui ? Que pour gouverner il faut avoir les moyens nécessaires pour faire ce qu’il convient afin que le peuple soit satisfait, que c’est là, comme le soulignent Luc Ferry et Alain Renaut que gît la véritable légitimité politique (2). Au point que lorsque le mécontentement populaire se manifeste contre des projets gouvernementaux (comme c’est le cas en ce moment en France avec le projet de réforme des retraites), la légitimité venue des urnes est remise ne cause par les protestations de la rue.

Sans argent, pas de bonne politique, à moins d’admettre comme les anarchistes libéraux qu’il y a toujours trop d’Etat et que la cure d’austérité qui lui est imposée par la crise financière est une très bonne chose.

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(1) Pour une rapide biographie du Baron Louis, voir ici.

(2) Luc Ferry et Alain Renaut – Philosophie politique, 3, Postface. Il s’agit de la distinction entre les droits liberté et les droits créance. Ces derniers sont constitués par les « service publics » que l’Etat est censé apporter aux citoyens, tels que la sécurité, l’éducation, les services de santés etc. Alors que les droits liberté supposent la limitation du pouvoir de l’Etat (supposé menacer les libertés individuelles), les droits créances supposent au contraire un renforcement de celui-ci.

Cette contradiction a été l'un des enjeux , aux Etats-Unis, du débat sur la réforme de l'assurance santé.

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