Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette. / Pour tirer d'eux ce qu'on leur prête, / Il faut que l'on en vienne aux coups ; / Il faut plaider, il faut combattre. / Laissez-leur prendre un pied chez vous, / Ils en auront bientôt pris quatre.
La Fontaine – La lice et sa compagne (Fable – II, 7)
Chalenge du jour : plaider pour les expulsions d’étrangers en général et des Roms en particulier.
France terre d’asile ? Demandez donc aux sans-papiers ! Et aux Roms pendant que vous y êtes…
Et que dire qui puisse justifier de telles expulsions ?
Nous plaiderons que ce qui est en jeu, ce n’est pas tellement la peur de l’autre, ni la recherche obsessionnelle de la sécurité, mais bien le sentiment que le territoire national est une propriété trop sainte pour être laissée à qui voudra s’y installer. Il s’agit comme on l’a dit (1) d’un type de propriété très particulier, qui ne peut s’acquérir si ce n’est pas un droit de naissance (droit du sol dans un sens strict, étendu sur de nombreuses générations – remontant si possible jusqu’à Saint-Louis).
Combien de fois n’a-t-on entendu cette phrase : On n’est plus chez nous ! Phrase où il faut surtout entendre le « chez nous ». Que des étrangers viennent s’installer en France, et c’est une partie du territoire national qui s’en va…
L’absence de « légitimité » de leur présence a pour corollaire la légitimité de leur expulsion.
Bien sûr, s’agissant des Roms, cette légitimité est renforcée par le fait qu’ils sont définis comme « gens du voyage », donc comme n’ayant pas de territoire. Leur roulotte (ou caravane) est leur seule demeure, ce qu’elle a sous ses roues ne leur appartient pas. Les Roms sont des quasi-apatrides (2)
Toutefois, on ne va pas expulser tout le monde… Comment choisir ?
Laissez-leur prendre un pied chez vous, / Ils en auront bientôt pris quatre : telle est la mise en garde de La Fontaine : ils y a les méchants étrangers, et il y a les autres. Tel est le critère.
Méfiez-vous des étrangers qui viennent chez vous avec l’intention de vous en expulser : vous leur offrez l’hospitalité et vous risquez de ne plus récupérer votre maison si vous leur en laissez le pouvoir. D’ailleurs c’est vrai non seulement de la présence physique des étrangers sur telle ou telle partie du territoire, mais aussi de leur mainmise sur tel ou tel domaine économique. Il faut donc les expulser avant.
Alors, c’est là que j’abandonne ma plaidoirie : car pour expulser les étrangers, la France choisit de le faire à l’encontre de ceux qui sont les plus faibles. Mais non pas comme le suggère La Fontaine parce qu’à attendre on risque de se faire expulser soi-même ; mais bien parce que c’est plus facile.
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(1) Sartre – Réflexions sur la question juive.
(2) Je mets « quasi » apatride pour ménager les susceptibilités. Mais quand on entend un ministre roumain dire qu’il faut désigner les Roms par le terme de Tsigane, parce que « Roms » devrait être réservé aux autres roumains, on se dit que cette précaution est superflue.
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