Il faut être toujours ivre. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules, il faut s'enivrer sans trêve. De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous !
Baudelaire – Le Spleen de Paris
Vendanges 1
Septembre : voici venu le temps de la reprise du travail, des impôts à payer, des souvenirs qui rendent le passé plus désirable que l’avenir… Amertume.
C’est le moment de faire l’éloge de l’ivresse ! Ou, si vous préférez, l’éloge de la perte de lucidité.
A quoi bon la lucidité, si c’est pour se désoler d’être au monde, d’y voir clair et d’avoir une conscience ? Baudelaire nous en avertit : il faut seulement choisir le bon moyen de s’enivrer ; autrement, gare aux effets secondaires !
- De vin ? Pourquoi pas, surtout s’il est bon. Reste à négocier avec notre estomac – et surtout notre foie – la suite du processus. Là se trouvent les effets indésirables.
- De poésie ? Là oui, sans aucune hésitation. Y a-t-il des effets secondaires à redouter ? tout dépend du choix du poète : il faut savoir choisir celui à choisir qui ne va pas vous coller la migraine ou le bourdon (par exemple moi, je choisirais plutôt Baudelaire que Rimbaud, s’il s’agit d’éviter que les rêves ne soient des cauchemars).
- De vertu ? Là, ça vous étonne, hein ? Comment peut-on s’enivrer non seulement avec vertu mais encore de vertu ? Si on admet que l’ivresse provient d’un excès de consommation, on devrait admettre que l’excès de vertu pourrait exister ? Et provoquer une perte de lucidité ? Et avec quels effets secondaires ?
… Je suppose un instant que la vertu excessive puisse affecter les fidèles d’une religion. J’imagine alors que soit inscrits – mention obligatoire – sur les portes des églises l’avertissement suivant :
– Abus dangereux
– Peut nuire à votre santé
– Risque d’affecter votre lucidité.
Moi, je préfère encore le pinard.
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