Il est de règle que l'architecture d'un édifice soit adaptée à sa destination de telle façon que cette destination se dénonce d'elle-même au seul aspect de l'édifice.
Victor Hugo – Notre-Dame de Paris
Deux idées différentes :
- d’une part tout édifice doit être adapté à sa destination.
- d’autre part cette destination doit transparaitre dans son aspect extérieur.
Il va de soi que ces deux idées sont liées, puisque la première, prise isolément, n’est qu’une banalité.
Mais c’est aussi parce que nous savons que l’architecture des bâtiments (publics en particulier) exprime leur fonction que nous sommes particulièrement choqués lors qu’ils dérogent à ce rôle. Ainsi de ces églises qui ressemblent plus du tout à des lieux de culte, et – pensons-y – combien de ces mosquées qui ne sont, sur notre territoire, que des anciens hangars reconvertis en lieux de prières : comment ne pas en être choqués ?
Parmi les images fortes reçues il y a maintenant un an de Haïti – mais toujours d’actualité – il y a celle du palais présidentiel effondré, symbole évident de la disparition du pouvoir politique (1). Sur la photo, au cas où le symbole ne serait pas assez évident, on voit des soldats hisser les couleurs haïtiennes devant les ruines.
On pourrait donc légitimement se dire que si la démocratie a encore à faire des progrès, c’est à ce point de vue : supprimer les palais, qu’ils soient du Roi, du Président ou du peuple, peu importe. Il suffit qu’ils soient l’indice d’un pouvoir sous lequel il faut courber l’échine.
Par quoi pourrions-nous remplacer le Palais de l’Elysée ?
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(1) A l’heure où j’écris ces lignes nous apprenons que Jean-Claude Duvalier vient de débarquer dans l’ile « pour aider le peuple haïtien ». Les Tontons macoutes vont sans doute reprendre du service. Eux, comme symbole du pouvoir, ils n’ont pas besoin de palais. Une batte de base-ball leur suffit.
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