[A propos ceux qui refusent les convenances dans les entreprises] :
Ceux qui se comportent ainsi sont considérés par leurs collègues comme des
cactus de bureau car la convivialité est exigée, sous forme de pots, de blagues
convenues, de tutoiements et de bises hypocrites (toutes choses à simuler sous
peine d'exclusion).
Corinne Maier
(Psychanalyste) – Bonjour paresse (2004)
Il s’en passe des choses dans les entreprises… Dès lors
qu’une communauté existe, elle pose ses propres règles, et malheur à qui y contrevient.
Tel était le message que je pensais rédiger en commentaire
de cette citation. Mais hier on découvrait au grand scandale des partis de
droite – et à la grande gêne de ceux de gauche – dans un local syndical de la magistrature un « mur des cons », c’est-à-dire un
tableau d’affichage où sont épinglées des photos d’hommes politiques, de
journalistes, d’hommes d’affaire etc. qui sont particulièrement détestés par les
magistrats.
On peut se dire que, s’agissant d’homme en responsabilité de la justice (et donc particulièrement affutés sur la distinction entre le public et le privé à propos d’un local syndical), tous les arguments pro et contra vont être exposés. Je peux donc me dispenser de le faire.
J’imagine donc l’histoire de ce tableau. Un jour, un
petit malin (il y en a sûrement aussi chez les magistrats) invente d’occuper
le tableau d’affichage syndical (que sans doute personne ne consulte jamais) en
affichant des photos des personnes qu’il déteste le plus (on voit sur notre
document celle de Brice Hortefeux qualifié « homme de Vichy ») ;
il le baptise « mur des cons ». Et voici des collègues qui arrivent pour
la pause-café, qui trouvent ça drôle et qui y vont de leur image. Et puis voilà
un contestataire qui s’oppose : « C’est un véritable « pilori judiciaire »,
dit-il. Imaginez un instant que monsieur Hortefeux voit cela ? Il porte
plainte contre vous : comment qualifier le délit que vous venez de
commettre ? »
… C’est cela justement qui ne peut se concevoir, tant la
pression interne – je veux dire celle qui est exercée par le groupe qui se
constitue autour de cet acte – est forte. L’opposant est refoulé, ostracisé
même, comme un trouble-fête dans la fête. L’adhésion au groupe impose ses
règles, toutes ces choses à simuler sous
peine d'exclusion, comme dit notre citation du jour.
Seulement voilà : il arrive ce qui devait arriver et
cette liste de cons s’affiche au grand jour. Qui donc, dans ce noble et
respectable corps de magistrats va se lever pour le défendre ? Qui donc va
dire : « Monsieur le ministre – monsieur le député – oui, je vous le
dis, vous êtes un con ! »
Les membres de la majorité de gauche préfèrent marmonner
dans leur barbe : « Canular… Blague de potache… Ce n’est pas à
prendre au sérieux. » Comme si ça n’avait de sens qu’à l’intérieur du
groupe de ces gens qui, à l’heure de la pause-café, ont bien le droit de se
détendre un peu.
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