Chamfort – Maximes et Pensées (publiées en 1795)
Commentaire I
Voilà une métaphore qui a le mérite de la simplicité,
mais qui montre aussi à quelles révisions nous invite l’évolution
technologique.
Car la simplicité n’est plus aujourd’hui l’indice de la
fiabilité, mais celui de l’obsolescence ! Pour utiliser une comparaison
plus actuelle, voyez nos voitures : la vieille 2-CV, avec ses deux bougies
et son delco pour leur distribuer l’électricité et puis sa bobine :
simplissime ! Dans les années 50, un américain voyant une 2-CV au bord du
trottoir a demandé à son propriétaire s’il l’avait construite lui-même.
Eh bien, ces voitures-là on pouvait bien sûr les réparer
avec une clef anglaise et un poste de soudure, mais elles tombaient en panne
régulièrement – capot levé sur le bord des premières autoroutes. Les nôtres ont
une durée de vie multipliée par 3, et à part leur cœur numérique, elles ne
craignent rien. Seulement, ne soulevez pas le capot : ça ne sert à
rien – où donc se cache la batterie ? Et la jauge d’huile ?
- On m’objectera que la panne (voire le bug) est
liée à la modernité : la charrette du Père-Louis ne tombait jamais en
panne, elle. Ça
c’est vrai.
Mais il est vrai aussi que les machines sont de plus en
plus indépendantes de nous : les pannes, c’est leur affaire. Elles doivent
se réparer toutes seules – comme ces voitures qui envoient directement un check-up
à leur fabricant, le quel peut reprogrammer à distance l’ordi central pour lui permettre
de surmonter la défaillance. Ça
ne réparera pas la bielle, mais ça évitera peut-être de la couler.
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