Tuesday, March 25, 2014

Citation du 26 mars 2014


Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous.
Evangile de Luc, chapitre 15, verset 23

On ne fait pas de bon bouillon avec une poule maigre.
Proverbe turc
Les méfaits du gras I
Parmi les préjugés venus du passé et dont notre époque a appris à se méfier : l’idée que le gras serait synonyme de qualité gastronomique.
Le gras est tellement bon qu’il est interdit d’en manger quand il s’agit de faire pénitence. Veau gras sacrifié pour fêter le retour du Fils Prodigue. Bouillon gras, gras-double et gros cochon, carpes ventrues, …
Bref – tout cela, c’est fini et bien fini : vive la nourriture allégée, le saucisson maigre, le lait écrémé et le yaourt zéro %.
- Ce que nous rejetons toutefois, ce n’est pas seulement le gras mais aussi la façon de le produire : il est souvent obtenu en donnant aux animaux d’élevage des nourritures douteuses ingurgitées pour grossir à moindre coût et à plus grand bénéfice – et aussi à grand dommage pour notre santé. Bref, à moins d’être pauvre, il faudrait être fou pour consommer de tels aliments.
J’en vois qui hochent la tête et qui rigolent : « Et le foie gras ? Qu’est-ce que vous dites du foie gras ? » Eh bien, oui : même le foie gras est rejeté comme ignoble et indigne d’une table de fête – par nos ennemis héréditaires en matière de gastronomie, je veux dire les Américains.
Pourtant le gras ils connaissent bien : ça ne les dégoute pas de manger des hamburgers trempés dans la mayonnaise. Mais ce qui ne va pas, selon eux, c’est également ce que nous rejetons : c’est la manière d’obtenir le gras. (1)
Car, le gras n’est pas dans la nature ; ou alors de façon épisodique quand la saison d’été a rempli les greniers à foison. Mais dès que l’hiver est revenu, la graisse fond, ne restent que la peau et les os – qu’on songe aux oiseaux ou aux écureuils. C’est pour cela que le gras est considéré par certains, de façon symbolique, comme un signe de prospérité : mes amis vietnamiens qui ont été élevés dans la culture traditionnelle mangent goulument le gras du jambon (ce n’est qu’un exemple), parce que selon eux le gras c’est la vie. Nous, nous le jetons, parce qu’il bouche les artères et qu’en plus il a peut-être été produit par une alimentation frelatée. Non seulement on alimente nos animaux – et donc nous-mêmes – avec des farines venues on ne sait d’où, mais en plus on saccage la nature pour le faire, ce qui nous oblige à lancer une campagne de boycott contre le Nutella produit avec de l’huile de palme qui détruit les forêts et les animaux qui sont dedans.  

Plaignons les pauvres écureuils : on leur a fauché toutes leurs noisettes et les voilà obligés de manger du Nutella pour les récupérer.
-----------------------------------
(1) Ici par gavage des oies, ce qui serait de la cruauté à l’encontre des animaux. Par contre ça ne les embête pas de manger leurs bœufs traité aux hormones de croissance…

No comments: