Friday, August 22, 2014

Citation du 23 août 2014



Dans toute morale ascétique, l’homme adore une part de soi-même sous les espèces de Dieu, et il a besoin pour cela de changer en diable la part qui reste…
Nietzsche – Humain, trop humain (Cité le 27-05-2008)

Le Diable et le Bon Dieu, présents dans la même personne : ça doit faire du grabuge ! Bien sûr, ça n’arrive pas, parce que les religions veillent au grain. Elles « externalisent »   notre part « divine » qu’elles expédient au loin, dans le lointain de la transcendance, ne gardant pour nous que la part « diabolique » : c’est ce que Feuerbach appelle l’aliénation religieuse.
Après nous avoir désossés, la Religion invente le moyen de recoller les morceaux avec la morale ascétique ; au moyen des horribles privations qu’elle nous impose, nous parvenons à réintégrer cette part divine : nous, les enfants de Dieu et grâce à l’intercession de Son Fils, nous voici à nouveau dignes de Notre Père…
o-o-o
Seulement nous dit Nietzsche, on ne peut tout sauver : reste la part du Diable à côté de la part du Bon Dieu. Vous pouvez évacuer la première et vous réfugier dans la seconde. Sauf que, du point de vue religieux, ça ne changera pas la réalité humaine : le mal git, caché au fond de nous, quand bien même il ne se manifesterait pas. Un peu comme le VIH avec la trithérapie, il est resté là, en secret, attendant l’occasion de se manifester à nouveau.
Et si on rejetait le mal hors de  nous, un peu comme le bien tout à  l’heure ?
Pour l’individu, c’est encore un peu difficile ; mais pour les peuples – ceux du moins qui se prennent pour « l’Humanité », c’est on ne peut plus aisé : traçons une frontière entre nous et « les autres ». Décrétons que la Civilisation, le respect des valeurs, de la liberté, etc. se trouvent à l’intérieur de ces frontières et que du coup tout le reste –  l’abominable reste – est à l’extérieur.
Et certains parlent d’abolir les frontières ?

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