Une monnaie continentale, à double base métallique et
fiduciaire, ayant pour point d’appui le capital Europe tout entier et pour
moteur l’activité libre de deux cents millions d’hommes, cette monnaie, une,
remplacerait et résorberait toutes les absurdes variétés monétaires
d’aujourd’hui, effigies de princes, figures des misères, variétés qui sont
autant de causes d’appauvrissement ; car dans le va-et-vient monétaire,
multiplier la variété, c’est multiplier le frottement ; multiplier le
frottement, c’est diminuer la circulation. En monnaie, comme en toute chose,
circulation, c’est unité.
Victor
Hugo – Actes et paroles, " Pendant l’Exil " (24 février 1855)
Les inventeurs visionnaires. Aujourd'hui: Victor Hugo et l'euro.
Aujourd’hui, référendum : on demande aux grecs : L’euro, t'en veux, ou t'en veux pas ?
1855 : Victor Hugo en visionnaire de l’Europe qu’il
était médite sur les avantages de la monnaie unique :
1 – Elle abattrait l’orgueil national portée par la monnaie qui en marque la souveraineté. Comme si cette cause la misère du peuple
pouvait en même temps être exhibée comme une manifestation de la gloire du
Prince !
2 – La pluralité des monnaies est cause de déperdition de
valeur par la nécessité d’en charger à chaque frontière. Et Hugo se lance ici
dans une métaphore mécanique sur la déperdition du travail par le frottement.
Le Principe de Carnot n’est pas loin !
3 – Encore que… ce que Hugo reproche à ce frein mis à la
libre circulation, c’est la perte d’unité. Au contraire, plus la monnaie
circule, plus elle se rapproche de l’unité, c’est à dire qu’à force de franchir
les frontières on a besoin d’une monnaie de référence acceptée partout – comme
l’est aujourd’hui le dollar… et l’euro.
1855 : voilà donc plus d’un siècle et demi qu’on tresse
des couronnes de laurier à une monnaie unique et pourtant, maintenant que nous l'avons, la voici menacée de
se défaire, comme une poignée de sable humide qui se
dessèche. C’est que bien sûr, pour Hugo, la monnaie n'est que fiduciaire et métallique. Pour nous elle est aussi - et surtout - surtout économique. Que
l’économie d’un pays s’écroule et voilà sa monnaie qui s’effondre. Ou qui fait
un trou dans la monnaie unique.
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