Au Tchad, des
islamistes présumés du groupe Boko Haram ont fait sauter des charges
explosives … Six jihadistes présumés
ont été tués dans l'explosion, a-t-on précisé de sources gouvernementales et
policières. Le bilan est de onze morts : cinq policiers, six terroristes présumés.
R.F.I.
– Les voix du monde
Des islamistes présumés…
Six jihadistes présumés… six
terroristes présumés
Comme on l’a dit (le 2 juillet),
la présomption sert à couvrir n’importe quelle insinuation, vraie ou fausse,
confirmée ou non, dans l’attente du prononcé du verdict. Mais elle est aussi
une précaution légale destinée à empêcher ceux dont on parle de se plaindre
devant les juges de calomnie. Ajouter « présumé » à tous ces
personnages, c’est comme si on disait : « vous savez, moi, je sais
bien qu’ils sont tous coupables. Mais faites comme si je n’avais rien
dit ».
Maintenant, venons-en à cette
énumération : peut-on à la fois être islamiste + djihadiste +
terroriste ? S’agit-il de synonymes ? Y a-t-il progression de
l’un de ces mots à l’autre ?
Bref : est-ce que ça sert à quelque chose de varier les termes de
cette énumération – à quelque chose d’autre que d’éviter des répétitions
inélégantes ?
Admettons déjà que si on peut être islamiste sans être
djihadiste, la réciproque n’est pas vraie : donc nous avons affaire à des
islamistes qui sont en plus
djihadistes.
Maintenant, voyons si on peut faire le djihad sans être un
terroriste ?
Le
djihad : il va falloir se débrouiller dans le maquis des définitions
de ce terme attesté depuis le Coran et qui selon les époques a pris toutes
sortes de significations différentes, allant de la simple lutte jusqu’à
« la guerre menée au nom des idéaux religieux ». Comme on ne retient
dans la presse que ce dernier sens, on va admettre que c’est celui qu’il a ici.
Le
terrorisme : là c’est encore plus compliqué, parce
que si le qualificatif « terroriste » prend un sens universellement
péjoratif, en revanche les actes aux quels il s’applique sont souvent
contestés, selon le camp au quel on appartient. Retenons que faire le djihad,
c’est faire la guerre. Soit, mais lorsqu’on s’en prend à des civils qui – au
pire – n’ont rien fait d’autre que d’être des mécréant ou des apostats, et
qu’on cherche à semer la terreur et la ruine dans un pays, est-ce qu’on fait autre
chose que la guerre, en utilisant la terreur pour détruire l’ennemi avec des
moyens sans proportion avec la rapport de forces réel ? Ou alors prend-on
un plaisir pathologique à torturer et à assassiner, simplement parce qu’on en a
le pouvoir ?
Poser la question c’est déjà y répondre.
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