Monday, July 06, 2015

Citation du 7 juillet 2015

Au Tchad, des islamistes présumés du groupe Boko Haram ont fait sauter des charges explosives … Six jihadistes présumés ont été tués dans l'explosion, a-t-on précisé de sources gouvernementales et policières. Le bilan est de onze morts : cinq policiers, six terroristes présumés.
R.F.I. – Les voix du monde

Des islamistes présumés… Six jihadistes présumés… six terroristes présumés
Comme on l’a dit (le 2 juillet), la présomption sert à couvrir n’importe quelle insinuation, vraie ou fausse, confirmée ou non, dans l’attente du prononcé du verdict. Mais elle est aussi une précaution légale destinée à empêcher ceux dont on parle de se plaindre devant les juges de calomnie. Ajouter « présumé » à tous ces personnages, c’est comme si on disait : « vous savez, moi, je sais bien qu’ils sont tous coupables. Mais faites comme si je n’avais rien dit ».

Maintenant, venons-en à cette énumération : peut-on à la fois être islamiste + djihadiste + terroriste ? S’agit-il de synonymes ? Y a-t-il progression de l’un de ces mots à l’autre ?  Bref : est-ce que ça sert à quelque chose de varier les termes de cette énumération – à quelque chose d’autre que d’éviter des répétitions inélégantes ?
Admettons déjà que si on peut être islamiste sans être djihadiste, la réciproque n’est pas vraie : donc nous avons affaire à des islamistes qui sont en plus djihadistes.
Maintenant, voyons si on peut faire le djihad sans être un terroriste ?
Le djihad : il va falloir se débrouiller dans le maquis des définitions de ce terme attesté depuis le Coran et qui selon les époques a pris toutes sortes de significations différentes, allant de la simple lutte jusqu’à « la guerre menée au nom des idéaux religieux ». Comme on ne retient dans la presse que ce dernier sens, on va admettre que c’est celui qu’il a ici.
Le terrorisme : là c’est encore plus compliqué, parce que si le qualificatif « terroriste » prend un sens universellement péjoratif, en revanche les actes aux quels il s’applique sont souvent contestés, selon le camp au quel on appartient. Retenons que faire le djihad, c’est faire la guerre. Soit, mais lorsqu’on s’en prend à des civils qui – au pire – n’ont rien fait d’autre que d’être des mécréant ou des apostats, et qu’on cherche à semer la terreur et la ruine dans un pays, est-ce qu’on fait autre chose que la guerre, en utilisant la terreur pour détruire l’ennemi avec des moyens sans proportion avec la rapport de forces réel ? Ou alors prend-on un plaisir pathologique à torturer et à assassiner, simplement parce qu’on en a le pouvoir ?

Poser la question c’est déjà y répondre.

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