Sunday, August 16, 2015

Citation du 17 aout 2015

La plus utile et honorable science et occupation à une femme, c'est la science du ménage.
Montaigne – Essais  III, 9
Avant de sursauter, on lira (en Annexe) le paragraphe de Montaigne: la ménagère dont il nous parle est la femme mariée qui gère la maison du mari et le décharge de ce soucis. Ce n’est pas la torchonette ou la « pousse-caddy » ; c’est une épouse versée en économie domestique (pléonasme du temps de Montaigne). On lira aussi qu’à l’opposé de la « ménagère » on trouve la femme oisive qui vit du travail de son mari, et qui n’a rien à lui répondre lorsqu’il rentre tout « marmiteux » du travail alors qu’elle n’a rien à lui donner à manger parce qu’elle est encore entrain de se coiffer et s’attifer.
Bref : à l’origine de ce statut de la femme, la coutume antique qui fait de l’oikos (la maison) le domaine où s’exerce le pouvoir de la femme. Sauf que Montaigne inverse le principe aristotélicien qui veut que (dans la procréation) l’homme apporte la forme et la femme la matière. Ici, c’est l’inverse : « Si le mari fournit de matière, nature même veut qu'elles fournissent de forme. » A l’homme d’apporter les sous ; à la femme de les gérer avec parcimonie. Je suis sûr que ce partage des responsabilités dans le mariage existe toujours.
Montaigne ne cherche nulle équité dans ce partage. Ce qu’il veut c’est pouvoir partir tranquille de chez lui, sans se soucier des décisions à y prendre pour la gestion quotidienne de ses biens. Il a mieux à faire, et ce n’est pas un cadeau fait aux femmes. C’est une obligation compensatoire du mérite de l’homme d’y apporter l’argent nécessaire à la vie.
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« La plus utile et honorable science et occupation à une mère de famille, c'est la science du ménage. J'en vois quelqu'une avare ; de ménagère, fort peu. C'est sa maitresse qualité, et qu'on doit chercher, avant toute autre : comme le seul douaire qui sert à ruiner ou sauver nos maisons. Qu'on ne m'en parle pas ; selon que l'expérience m'en a appris, je requiers d'une femme mariée, au dessus de toute autre vertu, la vertu économique. Je l'en mets au défi, lui laissant par mon absence tout le gouvernement en main. Je vois avec dépit en plusieurs ménages, monsieur revenir maussade et tout marmiteux (préoccupé, souffreteux) du tracas des affaires, environ midi, que madame est encore après à se coiffer et attifer, en son cabinet. C'est à faire aux Reines: encore ne sais-je. Il est ridicule et injuste, que l'oisiveté de nos femmes, soit entretenue de notre sueur et travail. Il n'adviendra, que je puisse, à personne, d'avoir l'usage de ses biens plus liquides que moi, plus quiets et plus quitte. Si le mari fournit de matière, nature même veut qu'elles fournissent de forme. » Montaigne Essais  III, 9

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