Si l’on passait l’année entière en vacances ; s’amuser
serait aussi épuisant que travailler.
William
Shakespeare – Henry IV
Les vacances ? Dès le deuxième jour, l'ennui commence sitôt
le petit-déjeuner expédié. On va acheter des cartes postales qu'on adresse à
des truffes qui s'ennuient autre part en vous écrivant les mêmes.
Frédéric
Dard
Mais non – on va pas se mentir : en réalité on est
heu-reux. Oui, heureux de rentrer de vacances, de retrouver les
amis-les-copains, de s’asseoir de nouveau à son bureau, de se remettre derrière
son établi ou son volant. On est bien chez soi ; et chez soi, c’est ce qui
nous a manqué pendant les vacances.
Et pour le vérifier, songez que certains pays (comme la Finlande) envisagent de rendre le travail facultatif : ce qui veut dire
qu’on rentre de vacances quand on veut – et jamais si on le veut. Ce qui
suppose que les gens rentreront effectivement pour travailler, et que peut-être
ils prendront encore moins de vacances qu’aujourd’hui.
Ça, c’est ce qu’on appelle « le revenu universel ».
Revenu universel ? Comment ça marche ?
- Dans les pays qui l’adopteront on versera à chacun une allocation uniforme (entre 800 et 1000 euros mensuels) sans condition de ressources ou de
travail. On trouvera ici des détails plus approfondis sur la question, mais il suffit
quand même de se rappeler combien d’allocations sont déjà versées pour
comprendre qu’en les mettant bout à bout, on n’arriverait pas loin du résultat
escompté.
Bref : aller travailler sans obligation, simplement
parce que c’est une manière de s’insérer dans la société, est-ce une
utopie ? On lira en annexe
les réflexions de feu Jacques Marseille, qui n’avait rien d’un utopiste.
o-o-o
« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » :
pourquoi ne pas surmonter cette malédiction ? On a déjà l’accouchement
sans douleur, pourquoi pas le travail sans souffrance ?
Rentrer de vacances parce qu’on en a assez et qu’on préfère
reprendre le travail, serait une utopie ? Probablement pas : moi je
pense qu’il y a beaucoup de gens qui le font déjà mais qui ne l’avouent surtout
pas. Des hypocrites, comme ces profs qui brûlent du désir de retrouver leurs
élèves, mais qui retrouvant leurs collègues lors de la pré-rentrée :
- Dites-moi, chers collègues, combien de semaines jusqu’aux
vacances de la Toussaint ?
--------------------------------------
Annexe
« Le pari de l'allocation universelle est que
l'insertion sociale ne peut se construire sur la contrainte mais sur la
confiance placée dans les bénéficiaires de ce nouveau droit. Une utopie, sans
doute, pour tous ceux qui n'accordent aucune confiance aux individus et pensent
que seule la contrainte de "gagner son pain à la sueur de son front"
est le meilleur garde-fou contre la paresse. Un pari sur l'intérêt et la nature
humaine pour tous ceux qui pensent au contraire qu'un individu préférera
toujours cumuler ce revenu à un autre salaire, surtout quand ce salaire
correspondra à un travail qu'il aura librement choisi. » Jacques Marseille, L'Argent des Français,
chap. 32, Éditions Perrin, 2009.
No comments:
Post a Comment