Ici (= dans la médecine), l’on peut gâter un homme sans,
qu’il en coûte rien. Les bévues ne sont point pour nous : et c’est
toujours, la faute de celui qui meurt. Enfin le bon de cette profession, est
qu’il y a parmi les morts, une honnêteté, une discrétion la plus grande du
monde : jamais on n’en voit se plaindre du médecin qui l’a tué
Molière (Le médecin
malgré lui – Acte III, scène I)
J’ai cité tout du long cette tirade de Sganarelle, pour
le plaisir. Mais en vérité j’aurais pu me contenter de ce qui se trouve en son
milieu : C’est toujours la faute de
celui qui meurt.
On comprend que Molière ironise : les médecins
peuvent toujours faire mourir leurs patients, ceux-ci ne pourront dire de quoi
ils sont morts – puisqu’un mort ne parle pas. Par contre les médecins eux,
parlent – et d’abondance. En latin de cuisine ils expliqueront pourquoi leur
patient est mort, un peu comme Sganarelle déclarant, péremptoire, dans le Médecin malgré lui : « Voilà
ce qui fait que votre fille est muette ». Acte II, scène 4 (Lire ici)
Mais en réalité, je crois que cette phrase est plus
inquiétante qu’amusante. Nous disons nous aussi, avec toute la science médicale
que nous avons acquise – donc avec sérieux – que les morts meurent pour une
négligence coupable.
- Si l’amie de 50 ans avait bien voulu écouter nos
conseils et se surveiller un peu quand elle a eu ces accès de toux durant
l’hiver, elle n’aurait pas laissé se développer un cancer du poumon. Du reste,
elle aurait dû s’en méfier, fumeuse comme l’elle était…
- Et toi, Gros Louis : tu devrais faire très
attention à ton diabète. La cécité, la maladie des reins (1), des pieds, tous
ça te guette si tu continues à picoler et à bouffer comme ça. Après, tu ne
viendras pas te plaindre quand ça t’arrivera.
Bref : si on prenait un peu soin de soi, la mort ne
viendrait pas… Bien entendu : car, nous, qui nous prenons soin de
nous, nous sommes est immortels…
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(1) Je ne résiste pas au plaisir de citer le diagnostique
médical expliquant l’effet du diabète sur les reins ; « La paroi des
capillaires des glomérules s’altère et la membrane de filtration devient plus
fragile. Le premier signe (stade) de la néphropathie est l’augmentation de la
microalbuminurie au-dessus des valeurs normales (à 2 reprises) » (Voir ici). Enfoncé Sganarelle !
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