Wednesday, August 26, 2015

Citation du 26 aout 2015

Ici (= dans la médecine), l’on peut gâter un homme sans, qu’il en coûte rien. Les bévues ne sont point pour nous : et c’est toujours, la faute de celui qui meurt. Enfin le bon de cette profession, est qu’il y a parmi les morts, une honnêteté, une discrétion la plus grande du monde : jamais on n’en voit se plaindre du médecin qui l’a tué 
Molière (Le médecin malgré lui – Acte III, scène I)

J’ai cité tout du long cette tirade de Sganarelle, pour le plaisir. Mais en vérité j’aurais pu me contenter de ce qui se trouve en son milieu : C’est toujours la faute de celui qui meurt.
On comprend que Molière ironise : les médecins peuvent toujours faire mourir leurs patients, ceux-ci ne pourront dire de quoi ils sont morts – puisqu’un mort ne parle pas. Par contre les médecins eux, parlent – et d’abondance. En latin de cuisine ils expliqueront pourquoi leur patient est mort, un peu comme Sganarelle déclarant, péremptoire, dans le Médecin malgré lui : « Voilà ce qui fait que votre fille est muette ». Acte II, scène 4 (Lire ici)
Mais en réalité, je crois que cette phrase est plus inquiétante qu’amusante. Nous disons nous aussi, avec toute la science médicale que nous avons acquise – donc avec sérieux – que les morts meurent pour une négligence coupable.
- Si l’amie de 50 ans avait bien voulu écouter nos conseils et se surveiller un peu quand elle a eu ces accès de toux durant l’hiver, elle n’aurait pas laissé se développer un cancer du poumon. Du reste, elle aurait dû s’en méfier, fumeuse comme l’elle était…
- Et toi, Gros Louis : tu devrais faire très attention à ton diabète. La cécité, la maladie des reins (1), des pieds, tous ça te guette si tu continues à picoler et à bouffer comme ça. Après, tu ne viendras pas te plaindre quand ça t’arrivera.
Bref : si on prenait un peu soin de soi, la mort ne viendrait pas… Bien entendu : car, nous, qui nous prenons soin de nous, nous sommes est immortels…
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(1) Je ne résiste pas au plaisir de citer le diagnostique médical expliquant l’effet du diabète sur les reins ; « La paroi des capillaires des glomérules s’altère et la membrane de filtration devient plus fragile. Le premier signe (stade) de la néphropathie est l’augmentation de la microalbuminurie au-dessus des valeurs normales (à 2 reprises) » (Voir ici). Enfoncé Sganarelle !

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