On ne saurait
stigmatiser par trop d’expressions le vice de ces hommes souples et trompeurs
toujours prêts à parler comme vous le voulez, non comme la vérité l’exige.
Cicéron / De Amicitia
Je suis de
tous les partis / Je suis de toutes les patries / Je suis de toutes les
coteries / Je suis le roi des convertis. (…) Moi je ne fais qu'un seul geste / Je
retourne ma veste, je retourne ma veste / Toujours du bon côté
Jacques Lanzmann – Jacques Dutronc –
L’opportuniste (à lire ici – à écouter ici)
Certes, le
propos de Cicéron peut paraître d’une grande banalité ; il n’en reste pas
moins non seulement actuel, mais encore utile à rappeler. Car n’entendons-nous
pas chaque jour des politiciens se
lancer dans des affirmations dont la seule valeur est d’être tenue pour vraie
par leur auditoire, quand bien même on les saurait de toute évidence faux
ou mensongers. Et je ne parle des
politiques que parce que cette pratique est pour eux déshonorante, alors qu’on la
tient pour normale de la part des commerciaux qui ne le font que par intérêt
économique.
- Exemple :
on a entendu un récent candidat à une élection dire que les paquets neutres de
cigarettes nous mèneraient à des bouteilles de vins étiquetés de la même
façon ; ou bien que tout français devait considérer les gaulois comme ses
ancêtres : on se dit alors « Il n’est pas possible qu’il pense de
telles imbécilités ; mais s’il les profère c’est parce qu’il croit pouvoir
être élu comme ça. »
L’idée est
que s’il y a une excuse à la bêtise – à vrai dire personne ne choisit de l’être
– en revanche l’opportunisme est une attitude condamnable parce qu’elle est à
la fois choisie et responsable. La chanson que Jacques Lanzmann a signée pour Jacques
Dutronc le dit : l’opportuniste ne cesse jamais de l’être, car il suit son
intérêt personnel, le quel n’est jamais assouvi : c’est la soif du
pouvoir.
Ce qui est
terrible en politique, c’est qu’on peut toujours douter de la pureté des
intentions du politicien : toute politique a toujours deux faces –
l’une tournée vers le bien public ; l’autre vers la conquête ou la
conservation du pouvoir. Seulement quand il arrive que le « bien
public » au quel on prétend concourir ne serve que l’intérêt des lobbies
pourvoyeurs de capitaux, alors le doute n’est plus permis. Il ne s’agit pas
d’incompétence ni de bêtise : il s’agit de cynisme.
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