Sunday, January 07, 2018

Citation du 8 janvier 2018


De profundis clamavi
Ad te, Domine…






- Va au ciel et n’en revient surtout pas !


Après 12 ans, La Citation-du-jour n’est plus, mais elle n’est pas morte car elle ne cesse de chercher sortir de sa boite.

Si vous voulez retrouver son avatar, allez vite lire le Blog « Le point du jour » ici même.



Saturday, January 06, 2018

Citation du 7 janvier 2018

Ma devise est : exister, c'est insister !
            Attribué à Johnny Hallyday
Le principe fondamental de l'individu, c'est le conatus, autrement dit, le désir, l'appétit, la puissance d'exister. … Pour Spinoza, le désir est premier, et n'a pas de finalité au départ. Il s'agit juste d'une poussée vers un objet. Je suis d'abord une puissance d'exister.
Forum Digression – Sur le conatus de Spinoza

Passons sur l’attribution hasardeuse à Johnny Hallyday de cette formule qui peut avoir été prononcée par lui… à la suite de bien d’autres. Ce qui compte, c’est qu’elle prenne du sens si on l’imagine régulant la vie d’une star qui se maintient sur le devant de la scène depuis 60 ans.
Mais il ne faudrait pas non plus faire de cette formule une glorification de l’obstination, un déni de l’évolution. Je propose de la relire dans le contexte du conatus de Spinoza (philosophe redevenu très tendance ces temps-ci),  c’est-à-dire dans l’effort de chaque être pour continuer d’exister et surtout – pour développer ses potentialités. De là, Spinoza tire l’idée que ce n’est pas par avidité pour un bel objet qui l’attire que le désir se forme, c’est par besoin de s’extérioriser. Du coup on peut admettre que, quand Johnny bondissait comme un loup sur la scène, c’était l’effet d’une impulsion irrépressible.



Johnny Hallyday sur scène à Lausanne


Alors oui : si Johnny est une bête de scène, ce n’est pas seulement par un don inhérent à sa nature ; c’est aussi l’expression de son conatus. A nous de savoir où le notre peut nous pousser. Moi, c’est devant mon clavier d’ordinateur : moins spectaculaire que pour une rock-star, mais tout aussi impérieux.

Friday, January 05, 2018

Citation du 6 janvier 2018

Les richesses donnent de la générosité aux âmes élevées, de la présomption aux âmes communes, et de l'insolence aux âmes basses.
Chauvot de Beauchêne – Maximes, réflexions et pensées diverses (1819)

Moi qui ne joue jamais, je m’offre ce plaisir gratuit de regarder un homme ou une femme qui a acheté son « truc-à-gratter » et qui, à peine sorti du bureau de vente gratte son billet. Lire sur son visage l’expression qui s’y peint avant et après l’opération est un délice, certes fort peu charitable, qui me donne le plaisir de ne pas avoir joué. Car à peine cette opération – qui n’a duré que 2 ou 3 secondes – terminée, nous voilà à égalité, lui et moi, sauf que moi, ça ne m’a rien couté.
L’espoir déçu… Mais quel espoir ?
o-o-o
Supposons que vous soyez un joueur de « truc-à-gratter », et que quelqu’un vienne vous demander : « Dis-moi, qu’est-ce que tu ferais si tu gagnais ? » Répondriez-vous « Je partirais en vacances  aux Bermudes » ? Ou bien « J’achèterais une maison neuve à mes parents » ? Ou bien tout simplement : « Si je gagne un jour je me cacherai si bien que tu ne le sauras jamais parce que ça ne te regarde pas ».

Mais en réalité, la véritable raison qui pousse à jouer, ce n’est pas le gain, mais l’espoir de gagner, en sorte que les gens devraient répondre qu’avec ces jeux ils gagnent à tous les coups, parce que ce qu’ils achètent, c’est du rêve.
Du coup, il est inutile de chercher à savoir en quoi consiste cet espoir car ce n’est qu’après coup, quand on a jeté le billet (ou bien acheté avec le gain un tas d’autres billets), qu’on le désigne, car c’est une construction a posteriori.
Le jeu de hasard, c’est une rupture, un trou dans la durée : le moment où le joueur gratte son billet est extraordinaire car il fait que l’instant suivant est totalement indéterminé. Je parle bien sûr uniquement des jeux de hasard, parce qu’ils sont les seuls à offrir pareille chance de gagner que l’on soit savant ou ignorant, riche ou pauvre, puissant ou miséreux ; qu’on en soit à la millième tentative de la semaine ou bien à la première de l’année.

Nulle autre expérience de la vie quotidienne ne peut offrir pareille sensation.

Thursday, January 04, 2018

Citation du 5 janvier 2018

Toutes les infortunes sont sœurs, elles ont le même langage, la même générosité, la générosité de ceux qui, ne possédant rien, sont prodigues de sentiments, payent de leur temps et de leur personne.
Honoré de Balzac – La peau de chagrin (1831)

La pauvreté est un état dont la vertu est la générosité.
Albert Camus – Carnets II (janvier 1942 - mars 1951)

De la générosité III
La générosité a un signe distinctif : elle donne sans compter, mais du coup on se demande si elle est à la portée de tout le monde : le nécessiteux qui fait appel à la générosité des autres peut-il à son tour être également généreux ? Et si oui, qu’a-t-il à donner ?
Si nous suivons nos Citations-du-Jour, nous pourrons répondre affirmativement car il peut donc y avoir toute sorte de générosités, et même ceux qui ne possèdent pas de ressources financières peuvent encore être généreux :
            - parce que même dans le dénuement, on a encore quelque chose qui est du temps, de la durée ; le retraité passe bénévolement une après-midi entière à trier le courrier pour l’Assoc’.
            - parce qu’étant vivants, les pauvres peuvent encore prodiguer leurs sentiments, comme pour la compassion ou les prières des dames patronnesses.
            - Albert Camus note pour sa part que la générosité est plutôt une vertu qu’un acte simplement objectif. La générosité réside dans la façon de donner plus que dans l’acte : on peut donner de son temps ou de son attention de plein de façons différentes, par ouverture aux autres – mais aussi par désir égoïste de se faire admirer.
Par nature la générosité consiste à ne pas distinguer le « mien » du « tien », mais il y a aussi des manières fort peu généreuses de donner à tout vent : le riche qui distribue des billets de banque fait peut être simplement preuve de prodigalité ; la belle femme ne ferme pas tout à fait la porte de la salle de bain est peut être exhibitionniste…


Simone de Beauvoir – Voir ici

Wednesday, January 03, 2018

Citation du 4 janvier 2018

Sœur Isabeau (…) / Eut le galant : elle le méritait  / Douce d'humeur, gentille de corsage... 
La Fontaine – Le psautier (Conte)
De la générosité II
Ah ! La Fontaine... Quel homme ! Quelle intuition infaillible de ces charmes féminins qui font frissonner les hommes avant même qu’ils sachent pourquoi. D’après Eric Orsenna, son biographe le plus récent, les Contes que le pauvre La Fontaine écrivit sous le coup de ces émotions lui coutèrent bien des angoisses : n’allait-il pas être damné à rôtir en enfer pour avoir imaginé ces histoires licencieuses, mettant de surcroit en scènes des nonnes et des abbesses – comme dans celle-ci pour la quelle il invente ce personnage de Sœur Isabeau qui était « gentille de corsage ».
Vous me connaissez, mes chers lecteurs, et vous savez quel respect j’ai pour les femmes. Reste que, comme bien des hommes, je considère qu’elles n’ont pas toujours conscience de l’importance d’une silhouette grassouillette, certaines allant jusqu'à préférer les contours plus revêches : elles deviennent alors « avares du corsage » - ce en quoi elles ont bien tort. 
Que signifie en effet « gentille de corsage » ? On sait que depuis le moyen-âge, les « gentilles-femmes » sont l’équivalent féminins des « gentils-hommes », à savoir : femme de noble comportement et allure. Le corsage d’une gentille-femme doit donc manifester la vaillance des seins qu’il contient : chacun piochera là-dedans ce que son imagination voudra produire.



Toutefois, cette image fournit une hypothèse complémentaire : un gentil corsage se doit de présenter un tour de poitrine respectable (1). Mais ça ne suffit pas : une femme gentille c’est aussi une femme généreuse, qui se prodigue sans rechigner, - et donc qui a un décolleté « généreux ».
D’ailleurs on doit admettre que les femmes ont un rapport à leur poitrine plus communicatif que pour bien d’autres lieux de leur féminité.
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(1) « Respectable » : c’est quoi ? Tapez dans votre moteur de recherche favori la formule « 95D » et sélectionnez les images qui en viennent. Vous comprendrez facilement de quoi je parle.