Friday, October 31, 2014

Citation du 1er novembre 2014


Rétines et pupilles, les garçons ont les yeux qui brillent / Pour un jeu de dupes, voir sous les jupes / Des filles.
Chanson d’Alain Souchon – Sous les jupes des filles
Les hauts talons luttaient avec les longues jupes, / En sorte que, selon le terrain et le vent, / Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent / Interceptés! - et nous aimions ce jeu de dupes.
Paul Verlaine – Fêtes galantes (1869)
Voilà une preuve qu’Alain Souchon a de la culture : piquer à Verlaine la rime Jupe/Dupe montre qu’il a de bonnes lectures. (Je reprends cette remarque à un lecteur anonyme (ici) dont j’apprécie la sagacité.)
 J’ajouterai que Souchon est coutumier du fait : il a aussi pris à Malraux la phrase : Une vie  ne vaut rien mais rien de vaut une vie (cf. ici)

Comment éviter la sinistrose quand le calendrier affiche la date du 1er novembre ?
Le plus simple est de redevenir un enfant espiègle et curieux. Celui qui, comme Verlaine, guettait la bottine en bas de la jupe ou qui, comme Souchon, attend que la fille grimpe sur l’escabeau pour mater ses dessous.
Bref : tout cela est de la polissonnerie et voilà tout.
Mais on peut aussi se prendre à rêver – non pas à ce qu’on peut voir sous les jupes des filles, puisque c’est un jeu de dupes. Mais on peut aussi rêver de s’y glisser, d’y être comme dans une tente igloo, à l’abri et bien au chaud. On peut aussi épicer ce rêve en imaginant que l’on se greffe sous ces jupes, devenant comme le montre notre photo un être hybride mi-femme/mi-homme. C’est toujours mieux que d’être comme les satyres, mi-hommes/mi-boucs.



Thursday, October 30, 2014

Citation du 31 octobre 2014




La Terre est un MacDo recouvert de ketchup / Où l'homo cannibale fait des gloupses et des beurps / Où les clowns en treillis font gémir la musique / Entre les staccatos des armes automatiques.
Hubert-Félix Thiéfaine-  Chroniques bluesymentales (1990), 542 lunes et 7 jours environ


Et voici revenu l’heureux temps d’Halloween, cette fête joyeuse pleine de claquements de dents et de tremblements…
Cette année, innovation ! Finis les squelettes, les sorcières, les fantômes errants : nous tremblerons à l’évocation des méchants clowns, ces clowns maléfiques qui menacent dans la rue les petits enfants et les vieilles dames (1).
Nouveauté ? Bien sûr que non : lisons ensemble Wiki si vous le voulez bien :
« Le clown maléfique est un personnage type qui est récemment apparu dans la culture populaire. Il désigne un clown, ou un personnage à l'apparence de clown, qui, malgré son apparence joviale, comique et joueuse, a un très mauvais fond caractérisé par un sadisme et une cruauté sans limites. 
(…) Aux États-Unis d'Amérique, l'image du clown maléfique a pris de l'ampleur avec le tueur en série John Wayne Gacy, surnommé le « clown tueur » car il travaillait en tant que clown dans des fêtes d'anniversaire. Lorsqu'il fut emprisonné, il passa son temps à peindre des portraits de clown.»
J’ai souvent entendu des personnes (souvent des femmes) valoriser leur sensibilité personnelle en disant « quand j’étais petite fille, les clowns me faisaient pleurer (variante : me rendaient triste) ». Je croyais que c’était une posture pour se rendre intéressant. Et puis j’ai découvert la coulrophobie (2), et j’ai dû réviser mon jugement…
Bref, si vous rencontrez aujourd’hui un clown dans la rue, méfiez-vous. Même s’il s’appelle Ronald, même s’il ressemble à ça :
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(1) Allusion aux agressions commises par des jeunes gens qui attaquent les passants dans la rue grimés en clowns – Voir ici
(2) Voir ici – Je vous recommande la vidéo.

Wednesday, October 29, 2014

Citation du 30 octobre 2014



Car Je est un autre (...) Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute (…) La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l’inspecte, il la tente, l’apprend.
Rimbaud à Paul Demeny (Lettre du Voyant, 15 mai 1871) A lire ici
[Les poètes font] sortir les semences de la sagesse (qui se trouvent dans l'esprit de tous les hommes comme les étincelles de feu dans les cailloux) avec beaucoup plus de facilité et beaucoup plus de brillant même que ne peut faire la raison dans les philosophes.
Adrien Baillet – la Vie de M. Descartes (Livre 2, chapitre 1) A lire ici
Le Poète cherche son âme…
Ohé ! Mon âme ! Où es-tu ? Où te caches-tu ? A quoi pourrais-je te reconnaitre ? Es-tu différente de moi, comme la lumière est différente de l’ombre ? Es-tu au contraire partout répandue en moi, de telle sorte que je ne pourrai considérer la plus petite et la plus humble partie de moi-même sans t’y retrouver ? Ou bien, âme traitresse, es-tu tapie derrière ma conscience et la fais-tu manœuvrer comme bon te semble, sans que je puisse le savoir ?
- Ecoutons Descartes et Rimbaud : le devoir du poète est de répondre à ces questions. Le pouvoir du poète est de savoir mieux que le philosophe y répondre.
o-o-o
Et nous : à qui demanderons-nous la solution ? Aux philosophes ? Certes non, ils ne sont jamais d’accord entre eux – encore une chance quand on en trouve un d’accord avec lui même. Aux psys ? Pour se faire psychiatriser, merci bien ! Ça va comme ça.
Allons donc voir alors les artistes : eux au moins ils vont nous montrer l’âme telle qu’elle est, sans détour :

Sculptures de Marie-Joséphine

Je vous sens un peu déçu : Hé quoi ! Nous voulions savoir où était notre âme, on l’imaginait soit au-dessus de nous, soit en nous. Et voilà qu’on nous donne les deux à la fois. Mais c’est le choix de l’artiste que nous voulions, pas ses hésitations !
Mais qui vous parle d’hésitation ? La vérité, c’est que les deux existent en même temps, un peu comme la superposition d’états dans la physique quantique fait que le chat de Schrödinger est à la fois vivant et mort. Nous, nous sommes à la fois supérieurs et inférieurs.
Et voilà tout.

Tuesday, October 28, 2014

Citation du 29 octobre 2014



La véritable richesse et la puissance d'un pays consistent non dans ce qu'il tire de l'étranger, mais dans ses produits indigènes. L'arbre sain et vigoureux donne seul chaque année les fleurs dont les abeilles expriment le miel le plus doux; mais l'arbre dans le tronc duquel elles déposent leurs rayons, est creux et stérile; il cesse bientôt de porter des fleurs parfumées.
Jean-Paul – Pensées (Tout sur Jean-Paul ici)

Jean-Paul, un chantre de la défense de notre Civilisation menacée par les communautarismes de tous bords qui s’épanouissent dans nos Quartiers ? Est-ce chez lui qu’Éric Zemmour a trouvé son inspiration ? J’en doute, mais quand même…

1 – Pour Jean-Paul, il ne s’agit pas simplement de se méfier des étrangers qui s’insinuent par nos frontières pour envahir notre territoire.
2 – Il faut aussi se méfier de ce qu’ils apportent avec eux, des marchandises qu’ils fabriquent à bas coût dans leur lointain pays. D’ailleurs l’aspect le plus perfide de la présence des étrangers n’est-il pas de n’être chez nous que par l’intermédiaire de leurs marchandises : si l’étranger est toxique, c’est par ses produits indigènes qui pénètrent par nos frontières poreuses.
Mais, lorsque Jean-Paul parle de ces produits indigènes qui stérilisent notre terroir et le fait dépérir, pense-t-il à des marchandises ? Anticipe-t-il le jeans venu du Bangladesh et qu’on nous vend 5 euros ?
3 – Peut-être, mais pas seulement : on peut aussi penser aux manières de vivre, religions, costumes, bref, tout ce qui contribue à l’existence des communautés « indigènes » coupées du reste de la société et qui sont également mortifères pour les pays « d’accueil ».
Alors que les vêtements fabriqués en Chine, en Éthiopie ou ailleurs sont strictement identiques à ceux que nous portons, le costume porté par ces étrangers qui fabriquent notre jean n’a rien à voir les nôtres.
--> Conclusion : l’Étranger est parfaitement supportable quand il s’identifie à nous. Alors il devient l’abeille qui fabrique son miel pour notre plus grand profit. Ces émigrés qui ont réussi leur assimilation sont de bons étrangers – d’ailleurs il nous est arrivé d’en élire à la Présidence.
Le mauvais étranger c’est celui qui prétend conserver quelque chose de son lointain pays : costume, religion, coutumes sociales – communauté refermée hermétiquement sur elle-même, c’est alors qu’il fait dépérir l’arbre qui l’a accueilli
Aïe ! Ne me jetez pas de pierres, ça fait mal ! Pitié ! Je peux me racheter :
- Et si on essayait le métissage ? Ça réussit assez bien en cuisine, pourquoi pas ailleurs ? Dans la mode vestimentaire ? Et dans la religion ? Pourquoi ne pas faire des Églises qui seraient en même temps des mosquées ? Un minaret qui serait en même temps un clocher ? Un curé avec une longue barbe  - et avec ça il pourrait aussi faire rabbin !

Monday, October 27, 2014

Citation du 28 octobre 2014



Le Surmoi est issu du rapport de l'enfant avec ses parents par un processus complexe d'identification, grâce à quoi l'autorité extérieure est transportée à l'intérieur du sujet et joue le rôle attribué couramment à la conscience morale.
Marthe Robert – La révolution psychanalytique : la vie et l'œuvre de Freud.
En 1968, une interpellation fréquente surgissait dans les débats. "D'où parles-tu camarade ?", demandait-on à l'illustre inconnu qui prenait la parole. 
RTL – Commentaire d’actualité du 16-03-2008

Papa-m’a-dit 
… On se souvient du fils Mitterrand surnommé en Afrique « Papa-m’a-dit » : ironie méchante ? Peut-être mais aussi formule révélatrice de notre situation à tous : qui parle par notre bouche, sinon notre Père dont nous avons repris les leçons de morale qui nous dictent notre devoir ?

D’où parles-tu, camarade ?
Cette phrase est encore dans la mémoire de ceux qui ont vécu 1968 et ses débats enfiévrés. Elle signifiait que la classe sociale originelle était plus importante que l’intention de celui qui parlait. C’était tout juste si on excusait Marx d’être descendant de rabbin.

1968
C’était aussi l’époque où l’on rêvait de marier le marxisme avec le freudisme, histoire de voir ce que ça donnerait comme progéniture. Et de fait, l’idée qu’on est gouverné par des instances dont nous ignorons l’existence est présente dans les deux familles de pensée. Au déterminisme social répondait l’instance du surmoi, mais de toute façon, c’était et notre classe sociale qui dominait notre pensée, et nos parents qui parlaient en nous.
« Tu n’es rien d’autre que ce qu’on a fait de toi : en toi, ton père – ta classe – continue de te gouverner sans même que tu le saches. 
- Freud et Marx instituaient ainsi l’ère du soupçon qui nous incitait à nous méfier de tous – même de nous : qui parle donc en nous ?
La réponse à demain, si vous le voulez bien…