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Thursday, October 12, 2017

Citation du 13 octobre 2017

Ce ne sont pas les plaisirs qui sont malfaisants, mais seulement la rareté des plaisirs, d'où naît l'excès.
Charles Fourier
Le christianisme a empoisonné Eros - il n'en est pas mort, mais il est devenu vicieux
Nietzsche



Nous, les impies, le disons fréquemment à nos amis musulmans : « A enfermer les femmes, à cacher leurs cheveux et à dissimuler leur silhouette c’est à vous que vous faites du mal. Vous vous transformez en obsédé sexuel qui ne peut voir une cheville féminine sans devenir fou de désir. Quelle est donc cette étrange obsession qui vous habite et qui fait que les cheveux d’une fillette constituent pour vous un excitant intolérable ? »
Les sourates du Coran qui formulent cette obligation (voir ici) le confirment : c’est bien pour que la chasteté ne soit pas menacée que le voile est une obligation (1). On croit même comprendre que les offenses faites aux femmes non-voilées sont choses normales et à  coup sûr inévitables. (2)
Admettez que de tels excès pour une simple chevelure prennent bien la forme d’une obsession pathologique – un fétichisme sexuel pour le dire crûment.

Ferions-nous un accès d’islamophobie ? Pour l’éviter, rappelons que les musulmans font aujourd’hui ce que nous faisions autrefois, et que nos femmes dans les siècles passés étaient elles aussi fortement brimées dans leur liberté. Leur chasteté était également très contrôlée et nos religieux ne manquaient pas d’arguments pour expliquer que la vertu était à ce prix. Mais voilà : les temps ont changé et de nouvelles explications ont dévoilé une toute autre réalité – tout cela s’explique par le souci du lignage : il est essentiel que le mari soit certain que l’enfant que son épouse met au monde soit bien le sien et non celui d’un amant de passage.
Laissant de côté le Coran, on en arrive ainsi à une justification que les néo-darwiniens ne dédaigneraient pas : ce que nous voulons – comme tout être vivant –  c’est diffuser nos gènes, et pour cela il faut que nos enfants soient bien les nôtres et non des petits faussaires qui diffusent les gènes de contrebande.
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(1) On le voit en liant ces 2 sourates : le débat sur la question « le coran impose-t-il oui ou non le « foulard islamique » » est de peu d’intérêt. Car le Coran impose que la femme soit voilée de sorte qu’on ne puisse deviner son corps, afin éviter les pensées impures. Mais… voilà qu’un doute nous assaille : s’il s’agit de pensées impures alors pourquoi le père, les frères, neveux etc… eux pourraient-ils la contempler ? Ne seraient-ils pas eux aussi menacés du risque de former des pensées impures ? Pour répondre à cette question, lire le passage suivant (sur les néo-darwiniens)

(2) On notera avec intérêt que, si pour l’islam il faut respecter la femme, mais que toutes les femmes ne sont pas également respectables, alors les revendications féministes réactivées par le livre de Sandrine Rousseau (qui fut victime des attouchements de Denis Baupin) risquent bien de soulever d’autres débats.

Sunday, October 08, 2017

Citation du 9 octobre 2017

Hélas ! comme je suis fatigué de tout ce qui est insuffisant et qui veut à toute force être événement ! Hélas ! comme je suis fatigué des poètes !
Nietzsche – Ainsi parlait Zarathoustra 2ème partie – Des poètes
Que cette exclamation paraît actuelle ! N’était la mise en cause des poètes, comme elle paraîtrait conforme à ce que nos médias et nos réseaux sociaux nous rabâchent à longueur de journée !
Car il nous faut de l’évènement, de l’imprévu, du formidable, du détonnant. Oui, mais quand il n’y a pas, qu’est-ce qu’on fait passer dans les tuyaux de l’information ? Des sketches d’imitateurs qui nous font rire en singeant les politiques et les stars de l’actualité ? Oui, bien sûr. Mais surtout, puisqu’il faut bien se contenter de faire passer ce qui arrive, on s’efforce de faire reluire ce qui est terne et de grossir ce qui est minuscule.
Finalement, tout cela est bien banal. Reste à observer que c’est Zarathoustra qui prononce ce jugement, et qu’il est le prophète de la morale pour l’homme de demain, celui qui aura surmonté le recroquevillement des êtres d’aujourd’hui et l’appauvrissement des forces de leur morale.
Oui, pour Zarathoustra, tout est une question de force, qu’elle soit dominante ou qu’elle soit dominée ; qu’elle contraigne chaque être à extérioriser ce qu’il est ou au contraire à se replier frileusement sur soi-même
Que chaque matin je me retrouve dans mon miroir …


… et que je me demande : « Dis moi, qu’as-tu a espérer de ce jour, quel évènement nouveau vas-tu produire pour mériter que le soleil vienne t’éclairer ? » On le devine, la réponse pourrait bien être qu’il faut faire de ce qui est insuffisant un événement.

Saturday, April 29, 2017

Citation du 30 avril 2017

Je crois encore qu'on pense à partir de ce qu'on écrit et pas le contraire.
Aragon – Je n'ai jamais appris à écrire
Cette idée sur la quelle je suis revenu déjà plusieurs fois éclaire un mystère : d’où vient la pensée ? Ou si l’on veut : en quoi consiste la création ? Mais éclairer un mystère ce n’est pas le résoudre : c’est seulement mieux voir pourquoi ça fait mystère.
Disons encore pour mieux souligner l’enjeu de cette question que l’affirmation d’Aragon ne concerne pas seulement le poète génial ou le philosophe profond. Elle confirme que chacun, aussi bien celui qui parle en toute simplicité que celui qui cherche ses mots, ne sait vraiment ce qu’il pense qu’au moment où il l’exprime.
Je sais bien que certains écrivent en tirant la langue comme un écolier malhabile, qu’ils cherchent comment dire ce qu’ils veulent dire. Ceux-là, ils savent bien ce qu’ils ont à dire, mais ils ne savent pas comment le formuler (comme monsieur Jourdain qui sait bien quel compliment il veut faire à la marquise, mais qui ne sait pas comment le tourner). Mais en réalité ce qui cause tout ce trouble, c’est le travail de traduction, car leur pensée est déjà exprimée dans leur esprit – certes mal exprimée, avec des trous à boucher, des mauvaises tournures qu’il faut redresser, mais ils savent bien de quoi ils parlent.

Alors d’où est-ce que je pense ? En formulant ainsi la question, je fais semblant de reprendre l’injonction entre protagonistes de débats quelque peut lacaniens (« D’où tu penses, toi ?! ») ; mais en réalité c’est une véritable image qui s’impose à moi, celle d’un cratère au fond de ma conscience d’où jailliraient des images, des pensées, pas forcément adaptées, mais toujours imprévues. On l’aura compris bien sûr : c’est une question qui s’impose encore plus lorsque rien ne vient.

Comme dit Nietzsche le « je » du « je pense » est bien trompeur…

Thursday, February 09, 2017

Citation du 10 février 2017

Il y a toujours un multiple du plus petit qui est supérieur au plus grand.
Archimède. (Cité par Denis Guedj Le Théorème du Perroquet)
Quand on se place sous l’autorité d’Archimède on ne risque guère d’être contredit. Encore plus quand cette citation paraît évidente. Après tout l’ensemble infini des nombres entiers naturels est constitué de la multiplication de l’unité ; et c’est à cause de cette petite unité que cet ensemble reste inaccessible : le plus grand nombre imaginable peut encore être dépassé par le tout petit « un » qui vient s’y ajouter.
… Mais, vous savez comme sont les philosophes ? Dès qu’une évidence s’impose on les dirait jaloux de voir une vérité possédée par les plus humbles esprits. Il leur faut contredire !
- Ainsi de Nietzsche qui prend la notion de grandeur comme l’expression de la qualité et non de la quantité. La force est l’expression de la nature de l’être et du coup sa quantité peut très bien varier sans que cette qualité vienne à changer. La force de l’homme supérieur, du « maitre » comme il dit est de forcer le monde à subir sa volonté. L’homme supérieur est celui qui extériorise son être aussi loin qu’il le peut. En revanche, la force des êtres inférieurs, des « esclaves » comme il dit, est une force qui subit la pression du monde. Même quand elle devient dominante (comme avec la foule), elle reste une volonté d’esclave. Entendez qu’elle définit son action par réaction contre ce qui la domine. La morale de l’esclave dit : « Tu es mauvais, donc je suis bon » ; celle du maitre dit : « Je suis bon dont tu est mauvais ».
La méditation de Nietzsche à l’encontre d’une sentence telle que celle d’Archimède ne nous mène pas seulement à la relativité de la force ; elle nous mène à comprendre la démocratie comme un pseudo pouvoir, une force sans boussole, un peu comme un bolide sans pilote. Si vous voulez une démocratie réelle, ajoutez-lui non pas une poignée de citoyens en plus, mais un chef qui orientera les regards vers un horizon précis.
Derrière le chef, le peuple ; derrière le maitre les esclaves

… Hum… En lisant ça on se dit (je me dis) que tout compte fait mieux vaut encore être anarchiste que démocrate.

Wednesday, January 25, 2017

Citation du 26 janvier 2017

La soumission à la morale peut être servile, ou vaniteuse, ou égoïste, ou résignée, ou confuse et exaltée, ou irréfléchie, ou encore être un acte de désespoir, comme la soumission à un prince : en soi, elle n'a rien de moral.
Nietzsche Aurore (1881)

Quel est le ressort de l’action morale ? Comment définir le mode d’action de la valeur morale sur nous ?
Kant estimait que le respect pour la valeur morale, ou du moins pour ce qui la rendait manifeste était le seul sentiment qui soit moral. et qu’il inclinait l’âme devant ce qui la dépasse – à savoir l’autorité de la raison. C’est précisément cela que Nietzsche refuse de reconnaître : pour lui, aucun sentiment, aucune crainte, aucune passion, ne peut être de nature morale. Mais en même temps, aucun autre ressort de l’action humaine ne peut être trouvé, car reconnaître qu’un acte est souhaitable et passer à l’acte relèvent de deux domaines différents.
Qu’est-ce donc que l’action morale, qu’est-ce qui nous fait agir quand on prétend le faire mû par la valeur morale ?
On l’a vu, à moins de faire comme Kant et de donner un statut particulier au respect des valeurs, rien ne permet de résoudre cette question. Que dirait donc Nietzsche ?
Pour Nietzsche, la morale est une question de force : entendez qu’agir moralement, c’est réaliser ce qui a de la valeur, ce qui signife extérioriser sa force dans le monde, se réaliser soi-même, vivre totalement cette pulsion qui nous pousse à réaliser en dehors ce qui en nous cherche à en sortir. Le surhomme serait celui qui n’aurait aucune conscience – pas même morale – qui ne se soucierait pas des autres, ni des effets de ses actions sur les autres ; en revanche il ferait tout ce que lui fait faire la force qui est en lui. Cette force serait celle qui cherche non pas à dominer mais à être pleinement elle-même, quitte en effet à réduire les autres à néant. La morale est l’effet de la volonté de puissance – entendez : de la volonté qui résulte de la puissance (et non de la volonté de devenir puissant).
Si la morale nietzschéenne ne s’intéresse pas aux autres, elle ne s’intéresse pas non plus au moi agissant. Ici, nul narcissisme, nul égocentrisme, encore moins d’amour propre – La Rochefoucauld n’a rien à voir avec cela. Le surhomme ne cherche pas à s’admirer lui-même dans ses belles œuvres.

Dieu est mort a dit Nietzsche : c’est au surhomme de devenir Dieu, et qu’importe qu’il n’ait pas sa puissance ? Ce qui compte c’est qu’il ait la force active du maitre et non la force réactive de l’esclave.