L’homme est
un loup pour l’homme.
Hobbes
Et si le loup
était un modèle non de férocité mais de solidarité avec ceux de sa meute, si
l’homme devenait un de ses membres aurait-il droit à un amical salut le
matin ?
Impossible ?
Regardez plutôt cette image :
C’est le loup
qui prend l’initiative de la léchouille, preuve qu’il reconnaît l’homme comme
l’un des siens – peut-être même comme le chef de la meute.
Serons-nous
un jour comme les loups : dur pour les étrangers et fraternel avec les
siens ? D’ailleurs, ne le sommes-nous pas déjà, nous qui chassons avec
férocité les demandeurs d’asile refusés sur notre territoire ? Feriez-vous la même chose que ce loup avec
le musulman qui entre à la Mosquée pour la prière du matin ?
Je sens que
je choque : oui, au fait, pourquoi choisir un tel exemple ? Pourquoi
ne pas demander si vous saluez aimablement tous ceux qui viennent d’un quartier
qui n’est pas le votre ?
C’est vrai,
mais voyez-vous, si le loup nous donne un exemple supplémentaire, c’est celui
de la recherche d’identifiants strictement sélectionnés : on dit que le
louveteau passe des nuits entières à reproduire soigneusement les modulations
du hurlement caractéristique de sa meute, qui lui servira de sauf-conduit
quand, revenant seul vers les siens ceux-ci ne l’accepteront que s’il sait « hurler avec les loups » de façon
correcte.
Alors,
voilà : nous faisons la même chose avec les musulmans, priés de prouver
qu’ils sont de bons maris respectueux du droit de leurs femmes à vivre en toute
liberté, et que les femmes sont capables de s’affranchir de la tutelle des
imams ; quant à leurs enfants ils pourraient quand même s’appeler Kévin
plutôt que Rachid, ça serait une bonne idée.
Mais a-t-on les mêmes exigences par rapport à la
caillera de banlieue ? Bien sûr que non, à moins d’exiger (comme Finkielkraut) qu’ils parlent la langue de Racine avec l’accent du 16ème
arrondissement.