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Friday, December 22, 2017

Citation du 23 décembre 2017

Veux-tu vivre heureux ? Voyage avec deux sacs, l’un pour donner, l’autre pour recevoir.
Goethe
- La charité mon bon seigneur !
- Dis-moi, Gueux, qu’est-ce que tu as à me donner pour mériter que je te fasse la charité ?
- Mais mon bon Seigneur, je n’ai rien à donner moi ! Je suis en enfant de Dieu et c’est pour cela que je sollicite votre bonté charitable.
- Sais-tu bien, pauvre déchet, que dans la société nul n’existe s’il ne donne quelque chose aux autres ?
- Mais oui, Seigneur : donnez-moi un liard et vous aurez mérité de vivre au milieu de mon peuple de pouilleux.
- Ah ! Tu dis que grâce à toi je vais gagner ma place dans ce pays en étant mieux considéré, et tu crois que je vais gober ça ?
- Mais, Gracieux seigneur, regardez les monastères comme ils distribuent généreusement la soupe aux nécessiteux : c’est pour donner l’exemple de la charité universelle.
- Eh bien, va sonner à la porte du couvent : il y en a justement un à côté.
- Mais il est fermé pour cause de conflit dans la hiérarchie. Voilà pour quoi je suis à la sortie de cette boulangerie à demander l’aumône.
- C’est juste, et je suis pris de compassion pour toi, pauvre traine-misère. Aussi voilà ce que je vais te donner : c’est un conseil. Va donc sonner à la porte de Pôle-emploi, eux ils vont te donner un travail et avec cela tu auras de quoi donner de l’argent au boulanger pour ne plus crever de faim.
- Mais alors, Noble seigneur, il n’y a donc plus personne pour donner aux pauvres ?
- N’as-tu pas entendu Notre-Jeune-Président ? Lui il l'a dit - et très clairement encore : dans la société d’aujourd’hui, pour exister il faut échanger. Le don n’existe pas, il n’est qu’un échange suspendu : si on te donne donc aujourd’hui, c'est pour recevoir quelque chose demain.


Joyeux Noël à tous !

Sunday, December 17, 2017

Citation du 18 décembre 2017

L'usage du vin est affaire de modération. Le vin réchauffe et réjouit, on en donne aux faibles pour les conforter mais aussi aux malades enfiévrés. La sobriété n'est pas abstinence, c'est la mesure de cette boisson délicieuse.
Saint Thomas d'Aquin
Que chacun de vous, mes frères, se fortifie donc le corps et se réjouisse l’esprit avec la quantité de vin que la bonté divine a voulu lui permettre d’absorber.
Le joyeux sermon de l’évêque de Mayence (Rapporté par Goethe – Voir ici)
La Citation-du-jour entame ici une réhabilitation des plaisirs de la vie, rudement attaqués par le puritanisme ambiant.

Pour un éloge du gras.-

Le vin est bon pour tout et pour tous, pour réjouir les dépressifs, pour réchauffer les frileux, mais aussi pour calmer les enfiévrés.
Il n’y a pas à balancer : il faut boire du vin ? Oui, mais combien ?
            - Le vin, selon Thomas d’Aquin, est une panacée qui soigne tous les maux dont souffrent les hommes. Il ne fait pas seulement plaisir, il fait aussi du bien. Le tout encore une fois est de boire avec sobriété, ce qui n’est pas un oxymore, mais désigne le juste milieu entre l’abstinence et l’excès.
            - Quant à savoir exactement combien, certains se rappelleront du Joyeux sermon de l’évêque de Mayence dont la citation-du-jour vous rapporte la conclusion évoquée par Goethe lui-même : tant qu’on boit sans être ivre, on le peut parce qu’on évite l’ivresse qui est une sanction infligée par Dieu lui-même pour nous punir de notre intempérance.
En revanche, boire sans perdre le contrôle de soi-même est une grâce divine dont il importe de profiter avec reconnaissance envers notre Créateur.

Au fond, on se range aujourd’hui encore à cet avis : buvons un peu, mais sans excès.
Toute fois, notre époque un peu plus scientifique que celle de l’évêque de Mayence, nous impose d'obéir aux décrets du gouvernement : ne pas dépasser 0,5 g. d’alcool par litre de sang. Ceux qui se laisseraient aller à boire plus, n’auraient à attendre aucune grâce des autorités.

Du temps de Goethe et de l’évêque de Mayence, c'était à Dieu de fixer les règles de la consommation d’alcool. Aujourd’hui, c’est aux gouvernement : O tempora, O mores.

Monday, December 04, 2017

Citation du 5 décembre 2017

Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands, ils les jugent ; quelquefois, ils leur pardonnent.
Oscar Wilde / Le portrait de Dorian Gray
Etre adulte, c'est avoir pardonné à ses parents.
Goethe (Cité le 13-5-2006)
Semaine Oscar Wilde III

Dans quelle temporalité vivons-nous ? Le passé est-il vraiment passé, notre enfance est-elle une période révolue – et révolus en même temps nos rapports avec nos parents ?
Car, si comme le suggèrent nos Citations-du-jour, nous conservons le pouvoir de les juger et de leur pardonner, n’est-ce pas que quelque chose de ce passé continue de vivre en nous, que nous continuons de souffrir de ce qu’ils nous ont fait subir ou au contraire, en pensant à eux, ne mouillons-nous pas de larmes psychiques le centre émotionnel de notre cerveau ?

On dira sans doute que seuls les névrosés sont dans ce cas, et que pour les autres, ce pouvoir qui nous est attribué de revenir sur notre passé reste une abstraction, un cas d’étude et non un évènement vécu.
C’est peut-être vrai. Mais sommes-nous si sûrs que cette page de l’enfance soit en effet tournée, que Maman-Papa soient devenus des ombres qui ne peuvent plus jamais coïncider avec le présent ? Déjà, leur mort réelle ou imaginée est une déchirure sans équivalent : « C’était mon papa… » et voici qu’à ce souvenir, sans que j’aie à réfléchir, sa main reprend la mienne et puis qu’elle la lâche – à tout jamais… L’espace d’un court instant, j’ai eu de nouveau cette petite main de 4 ans, j’ai senti qu’elle était enveloppée dans cette main rude et forte de l’adulte.
Si jamais l’inconscient psychique a un sens c’est bien celui-là, et il a le pouvoir de renaitre dans la tasse de thé mêlée de bribes de gâteau – comme chez Proust.

Maintenant, accepterons-nous de dire qu’il est possible de pardonner à ses parents ? Déjà, il faut admettre qu’on ait quelque chose à leur pardonner. Mais il faut admettre aussi, comme le suggérait Bergson, que le passé fait partie du présent, que celui-ci n’en est que le prolongement. Et alors, comme dans les analyses de l’historien, nous verrons l’évènement que nous avions autrefois condamné, être réhabilité aujourd’hui en fonction de ses lointaines conséquences.

Sunday, March 12, 2017

Citation du 13 mars 2017

Traitez les gens comme s'ils étaient ce qu'ils devraient être, et vous les aiderez ainsi à devenir ce qu'ils peuvent être.
Goethe
Quiconque a le courage de paraître ce qu’il est, deviendra tôt ou tard ce qu’il doit être.
Rousseau - Lettre à Sophie d'Houdetot (voir Post du 24/6/2006)

Comment devenir meilleur quand c’est d’amélioration morale qu’il s’agit ? Nos deux Citations-du-jour prennent la question en formulant une thèse et sa réciproque, un peu comme au cinéma, avec les caméras en champ et contre champ.
En effet, Rousseau fait l’éloge de la transparence qui nous montre aux autres tels que nous sommes, supposant que sous leur regard on deviendra meilleur. Mais ce regard, quel est-il ? Réprobateur ? Encourageant ? Sévère plutôt qu’amical ? En fait il pourrait être un peu tout cela pour Goethe, car selon lui, ce regard ne voit pas seulement ce qu’on lui montre, mais aussi ce qu’on devrait être ; il consiste à non pas à dire : « Si tu veux être un homme tu ne dois pas », mais « puisque tu es un homme, alors tu dois » – c’est ainsi que l’on prend conscience du chemin qui nous reste à faire pour devenir meilleur.
La différence n’est pas mince, car alors que le progrès moral est selon Rousseau lié à la censure exercée par autres, celui qu’envisage Goethe vient avec l’identification au meilleur qui est supposé en devenir au fond de nous-mêmes : nous sommes soumis à l’obligation de nous hausser à ce que nous sommes déjà – du moins dans le regard des autres. L’attitude que pointe Goethe est parfaitement claire dans le cas de la confiance : inutile de dire à l’artisan qui va venir travailler chez vous en votre absence : « Tenez, voici mes clés : je vous fais confiance, j’espère que vous ne me décevrez pas ! » car le simple fait de lui abandonner vos clés implique qu’il est un homme en qui on a confiance et qu’il est simplement inimaginable qu’il en profite pour vous voler.
C’est cela : je dois être celui qu’on imagine, ce qu’on admet sans hésitation dans le cas du pire, mais qu’on doit aussi accepter dans le cas du meilleur.


Reste que Goethe place une restriction : les gens ne deviendrons pas forcément ce que vous espérez, mais seulement ce qu’ils peuvent être. Mais ce n’est déjà pas si mal.

Sunday, November 13, 2016

Citation du 14 novembre 2016

Quel est le meilleur gouvernement ? Celui qui nous enseigne à nous gouverner nous-mêmes.
Goethe – Sentences en proverbes
Il ne faut pas faire par des lois ce qu'on peut faire par les mœurs.
Montesquieu – Le Spicilége, Pensée n° 1007 (cité le 6-3-2015)


Il semble bien que Goethe assimile le gouvernement politique à l’éducation que les parents devraient donner à leurs enfants et qui a pour but de les affranchir de leur tutelle.
On ne pose jamais la question « A quoi les parents doivent-ils préparer leurs enfants ? » parce qu’il est évident que c’est à leur indépendance. Alors de la même façon, Goethe estime que le gouvernement n’a qu’un rôle transitoire, qui est de mener le peuple à s’affranchir des lois. C’est que la politique est confondue avec la morale, et les lois avec les préceptes. Le Chef d’Etat n’a besoin d’autorité que sur un peuple mineur, il devra s’effacer quand celui-ci sera majeur (c’est ce que Kant expliquait dans Qu’est-ce que les lumières ? – à lire ici) – ce qui ne veut pas dire que la liberté n’a pas de limites, que la morale doit tracer.

Occasion pour rappeler que le 18ème siècle, considéré comme le berceau de nos institutions politiques avait une compréhension fort différente de celles-ci.
Comme on le voit, la morale était au centre de la vie sociale, dans la mesure où les mœurs devaient suffire à régler les relations entre les hommes ; comme le rappelle notre Citation-du-jour, Montesquieu le disait : « On ne doit pas faire par les lois ce qu’on peut faire par les mœurs. »
Reste qu’aujourd’hui la politique s’étend bien au-delà du comportement des citoyens : les ministères dont la liste est fort longue assument des responsabilités extrêmement variées – tel que le commerce, les affaires étrangères, la justice, l’éducation, etc. Le 18ème siècle, siècle des lumières ne l’oublions pas, estimait que s’il fallait des lois, alors elles devaient être définitives : les Pères fondateurs (1) personnages quasiment mythiques avaient écrit une fois pour toutes les lois de la Nation, qui depuis restaient gravées dans le marbre. Quant au reste, commerce, industrie, éducation, culture, c’était l’affaire de la religion ou des simples individus.
La crise économique et financière qui aujourd’hui menace nos Etats en frappant d’impuissance leurs décrets politiques, nous invite à réfléchir aux solutions découvertes dans le passé : on a déjà fait le chemin pour ce qui concerne les attributions retirées aux services publics et déléguées au secteur privé ; reste le domaine des valeurs : demandons à Google de pondre la charte de l’éducation européenne collective – et de financer les écoles et universités.
J’arrête, parce que je vais recevoir des cailloux…
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(1) Voir le monument des Pères réformateurs de Genève