Aucune guerre
n’est jamais remportée. Elles ne sont même jamais combattues. Le champ de
bataille ne fait que révéler à l’homme sa folie et son désespoir.
William Faulkner
Otto Dix – La folle de Sainte-Marie à Py – Gravure extraite
du recueil Der Krieg (Voir ici)
Le champ de bataille ne fait que révéler
à l’homme sa folie et son désespoir.
Voyez cette gravure d’Otto Dix : sur
un champ de bataille (évoqué par les ruines de l’arrière-plan), une femme au
regard halluciné, la bouche déformée par un rictus, presse son sein d’où coule
son lait qui arrose un bébé posé à ses pieds. L’enfant est mort, un trou béant
dans sa tête par où s’écoule son sang.
L’effet de cette image est effroyable, sans doute parce
qu’il est surdéterminé :
1
– Il y a d’abord le rapprochement entre le sang et le lait. Le lait dont cette
pauvre mère arrose son enfant paraît se transformer en sang qui forme une tache
le long du petit corps inerte. C’est un fantasme fort bien connu : celui
du sein qui donnerait du sang au lieu de donner du lait, et l’obsession de la
morsure des seins sans doute en lien avec cela. Je n’irai pas plus loin faute
de données analytiques : voyez votre « psy » habituel.
Mais il y a plus :
2
– La folie est celle d’une mère qui ne comprend pas – qui refuse de comprendre
– que son petit enfant est mort, qu’un éclat d’obus lui a arraché la vie. Mais
cette « folie » est en même temps la révélation de la faillite de la
raison, lorsqu’elle se trouve confrontée à l’impensable : la mort violente
des petits d’hommes tués par la volonté farouche et explicite d’autres hommes.
L’image en est insoutenable, qu’on se rappelle l’effet de celle du petit Aylan,
noyé sur une plage de Turquie, ou de celui des enfants syriens morts asphyxiés
au gaz sarin : Trump a balancé 50 missiles sur une base militaire syrienne
rien que pour cela.
D’ailleurs les terroriste ne s’y trompent
pas : lorsqu’ils veulent faire le plus d’horreur possible, c’est aux
enfants qu’ils s’en prennent. Comme ces soldats (japonais durant la guerre à
Nankin ?) qui pour terroriser les habitants d’un villages, montent l’étage
des maisons et jettent par la fenêtre les petits enfants que leurs compagnons
rattrapent du bout de la baïonnette. (Si vous vous en sentez le courage, allez
voir l’image ici)