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Thursday, February 16, 2017

Citation du 17 février 2017

Je m’aperçus d’abord qu’il (= l’aveugle) avait une aversion prodigieuse pour le vol : elle naissait (…) de la facilité qu’on avait de l’apercevoir quand il volait.
Diderot – Lettre sur les aveugles
Sans la crainte du châtiment, bien des gens n’eussent moins de peine à tuer un homme à une distance où ils ne le verraient gros que comme une hirondelle, qu’à égorger un bœuf de leurs mains.
Idem

Violence policière
D’abord une remarque assez évidente : Diderot souligne le fait que voir la violence peut faire obstacle à l’envie de la commettre. De nos jours, le pilote du bombardier qui vole à 10000 mètres lâche ses bombes sans remords car sans voir leur effet. Les drones pilotés depuis le Pentagone qui sèment la mort en Afghanistan en sont aussi un exemple : le « pilote » est à son joystick comme le joueur sur son ordinateur. Réciproquement, les violences policières comme illustrées ci-dessus sont devenues intolérables depuis que les Smartphones permettent à chaque témoin de les filmer et de les montrer partout (1).
Qu’on le veuille ou non, comme le disait Steve Jobs présentant le premier e-phone : « Ceci est une révolution ». Oui, une révolution parce qu’il nous met en état de faire une vidéo n’importe où, n’importe quand et tout ça pour quelques centaines d’euros.

- Ainsi, nous le vérifions tous les jours : le respect de la loi dépend de la publicité donnée au délit : voyez monsieur Fillon qui a cessé d’employer sa femme le jour où il a fallu rendre public les noms des assistants parlementaires.
- Généralisons : Diderot fait du cas de l’aveugle une illustration de la morale matérialiste. S’il y a une morale des aveugles, c’est que les principes de la morale reposent sur des faits concrets et non sur de la métaphysique (2). Constatons que nous ne nous risquons pas dans cette direction : aujourd’hui les principes de la morale restent pour nous inébranlables. 
... Quoique… nous considérons aujourd’hui que ce qui est immoral est tout simplement le privilège. Qu’un seul jouisse d’un avantage immérité voilà le scandale ; que tous en bénéficient et c’est un acquis des luttes populaires.
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(1) Le cas des violences faites Théo filmées par de nombreux témoins est présent à toutes les mémoires.

(2) Rappelons quand même que Diderot fut emprisonné au Château de Vincennes pour avoir publié justement ces Lettres sur les aveugles. Il est vrai que son aveugle accablait Dieu de ses reproches pour avoir permis son infirmité.

Wednesday, September 28, 2016

Citation du 29 septembre 2016

C’est Dieu qui tue.
Eric-Emmanuel Schmitt – L’homme qui voyait à travers les visages. (Page 162)

« Et le lauréat du prix Friedrich Nietzsche de l’Athéisme (1) pour 2016 est … Eric-Emmanuel Schmitt pour son dernier roman, l’homme qui voyait à travers les visages ! »
- Monsieur Schmitt, comment expliquez-vous votre succès, alors que la concurrence était cette année particulièrement élevée, en raison de l’ouverture du concours aux dessinateurs de presse ?


Couverture de Charlie Hebdo un an après le carnage de janvier 2015
- Eh bien voyez-vous j’ai osé dire que les athées étaient des dangereux idéalistes qui faisaient fi de la réalité. Moi, j’ai rétabli la vérité dans mon livre et c’est pour cela que j’ai été récompensé.
- Vous pourriez nous en dire un peu plus ?
- Selon les incroyants Dieu n’existe pas et les religions sont des systèmes d’aliénation mis en place pour manipuler les hommes et déchainer leur violence dans l’intérêt des prêtres. Or la réalité est toute autre.
Dieu existe, et c’est lui qui déchaine la violence contre les hommes qu’il a créés sans doute pour avoir un peuple à tourmenter. Pour le vérifier il n’est que de penser à toutes les cruautés de Dieu que nous conte la Bible : Adam et Eve chassés du Paradis terrestre, Sodome et Gomorrhe vitrifiés par le feu céleste, tous ces pays dévastés, ces peuples écrasés par la violence voulue par Lui ; et puis Son Fils crucifié selon Sa volonté… Et n’oublions pas l’Apocalypse et ses 4 cavaliers qui partent ravager le monde.
Toutes les religions sans exceptions ne sont que l’expression de la volonté de Dieu de détruire. Mieux vaudrait qu’il n’existe pas !
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(1) Nietzsche est celui dont le cri « Dieu est mort » retentit encore aujourd’hui.

Thursday, August 11, 2016

Citation du 12 aout 2016

Ultima ratio regum. ([la force est] le dernier argument des rois)
  
Devise gravée sur les canons du roi Louis XIV

(La formule « ultima ratio regum » était l'expression favorite du cardinal de Richelieu. Le Roi Louis XIV reprit cette formule à son compte et la fit graver sur ses canons. (Art. Wiki))

J’aime cette idée qui fait de la violence un moyen qu’on n’utilise qu’en dernier recours, quand tout le reste a manqué : on se dit que ça doit contribuer à réduire le nombre d’actes violents de par le monde.
Mais en même temps, on devrait se demander si ce n’est pas accorder à la force une valeur qu’elle ne devrait pas assumer, parce que le boulet expédié par ce canon possède le même poids (!) que les arguments précédemment utilisés. C’est un peu comme si on avait là une logique particulière qui met à égalité le corps et l’esprit : lorsque les démonstrations logiques qui devraient avoir prise sur celui-ci échouent, le boulet de canon qui vous casse la tête fait exactement la même chose : obtenir non  pas votre assentiment, mais que vous cessiez d’être un empêchement. … Sauf qu’il se peut que vous soyez un empêchement du fait de vos arguments : alors le canon imposera silence à vos protestations quand bien même vous auriez mille fois raison.
On dirait que notre citation prend un tour un peu moins engageant : au lieu de limiter la violence, elle nous mène à conclure simplement que ce sont toujours les mêmes qui ont raison, parce que ce sont toujours eux qui ont la force. Si vous êtes un agneau dans une Fable de La Fontaine, inutile d’argumenter : les crocs du Loup sont une force qui imposera silence à votre logique.
Mais cela, tout le monde le sait et le dit depuis fort longtemps : pourquoi Louis XIV a-t-il cru nécessaire de le faire graver dans le bronze de ses canons ? S’agit-il d’un message du genre : « Vous auriez pu être raisonnable et admettre que j’avais raison. Maintenant vous allez découvrir la supériorité de mes armes » ?
Ou bien s’agit-il simplement d’une signature destinée à personnaliser votre « envoi », un peu comme la bombe d’Hiroshima avait été baptisée « Little boy » et l’avion qui l’a largué « Enola Gay » (en hommage à la mère du pilote – avouez que c’est troublant !) (1)
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(1) « Le 6 août 1945 à l’aube, un B-52 «Superfortress» décolle des îles Mariannes. Il a pour nom «Enola Gay» en hommage à la mère du pilote, le colonel Tibbets. ».

Saturday, July 02, 2016

Citation du 3 juillet 2016

Baston porte paix
Erneste Langlois – Anciens proverbes français

Qu’importe si en ancien français « baston » veut dire « bâton » et non « bagarre » comme aujourd’hui : car c’est exactement la même idée, que la violence apporte la paix.
Oui, même si cette violence consiste, pour un policier casqué et équipé pour la répression des manifestants, à donner un coup de pied dans le ventre d’une jeune femme désarmée ?



Un coup de pied dans le ventre en guise d’injonction à reculer embarrasse un peu : on pense d’habitude que la police anti-émeutes connait les limites à ne pas franchir et possède les techniques qui permettent de rester dans le tolérable.
Quoique… Et si précisément le coup de pied dans le ventre était un geste considéré comme une violence tolérable ? Une preuve ? Sur d’autres images (voir sur ce site), on peut voir un lycéen, âgé de 15 ans, tenu par les bras par deux policiers lorsque l'un d'eux lui assène un violent coup de poing au visage. On voit le jeune en question évanoui étendu sur le trottoir, pendant que son visage saigne sur l’asphalte. En voilà de la baston qui amène la paix !
Que répond le policier lors de l’enquête ? Qu’il s’agit d’un geste technique destiné à ramener un manifestant au calme. Voilà le « bourre-pif » devenu « geste technique » ! CQFD !
Alors on dira qu’il ne faut pas juger tant qu’on ne sait pas exactement ce qui s’est passé, et que pour ça il faut avoir été soi-même dans l’action, et en particulier, comme les policiers, avoir été soumis à des bombardements de pavés et d’insultes sans répondre faute d’en avoir reçu l’ordre. Oui… Mais l’ordre qui est donné, quel est-il ?

- Allez-y les gars ! Baston porte paix !

Sunday, March 13, 2016

Citation du 14 mars 2016

« Tu me tues. / Tu me fais du bien. / J'ai le temps. / Je t'en prie. / Dévore-moi. »
Marguerite Duras – Hiroshima mon amour

Amour : « Tu me tues / Tu me fais du bien » : pourquoi pas ? Mais aussi qu’est-ce qu’on justifie en disant cela ?
Un sondage d’opinion a fait la une il y a quelques jours : à la question de savoir si les femmes aiment à être forcées dans l’acte sexuel, une forte minorité répond « oui » (voir ici). Et on comprend ainsi qu’une femme ne refuse l’accouplement que parce qu’elle a été éduquée come cela – mais qu’on lui impose le rapport sexuel, et là elle se déchaine (1)
L’idée est que la jouissance physique est précisément au-delà des limites, là où le plaisir et la douleur fusionnent ; que le paroxysme de l’orgasme n’a d’autres limites que celles des forces des corps, et nullement celles d’un contrôle de la volonté, au point que l’une des plus anciennes drogues connues de l’humanité est sans doute une drogue aphrodisiaque.
Alors, faut-il vanter l’audace du violeur qui sans se préoccuper de sa victime, cherche seulement à dépasser ses propres limites ? Faut-il, plus exactement, dire que les limites imposées par la partenaire sont faites pour être outrepassées, parce que de toute façon, c’est la violence qui est le seul moyen de lui donner de la jouissance ?
Mais quel cynisme ! Comment peut-on ainsi se substituer à la victime pour juger de son état, comme celui qui dirait non pas « Je suis violent en amour parce que je suis un homme – un vrai » ; mais « Je force les femmes, parce qu’elles aiment ça ». Autrement dit, au-delà des excuses du viol par provocation féminine, il y a sa bénédiction  par renversement des valeurs : le mal devient le bien, la souffrance devient jouissance.
Le problème, c’est qu’au delà du viol du corps, ce genre de jugement apporte l’idée que le violeur sait mieux que la victime elle-même ce qu’elle ressent, ce qu’elle doit penser du sort qui lui est fait : « Ce que je te fais subir, c’est pour ton bien ! – Tu me remercieras plus tard ! »
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(1) « Quand tu ne te sens plus chatte / Et que tu deviens chienne / Et qu'à l'appel du loup / Tu brises enfin tes chaînes » chante Johnny Halliday.