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Monday, September 18, 2006

Citation du 19 septembre 2006

« Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l'épée la foi qu'il prêchait »

Manuel II Paléologue -XXVIe Conversations avec un Perse -Cité par le pape Benoît XVI - Discours prononcé à l’Université de Ratisbonne, le mardi 12 septembre 2006

Lisez le texte intégral du discours de Ratisbonne (1), et dites-moi si vous y trouvez de l’islamophobie, ou quoique ce soit qui ressemble à la volonté de remettre en cause le dialogue entre les religions. Ma question est sincère parce que je ne comprends pas du tout ce que la référence à l’islam vient faire là dedans.

D’abord, il s’agit d’un texte que vous aurez du mal à comprendre si vous n'êtes pas étudiant en philosophie ; il n’était donc pas destiné à alimenter les éditoriaux de la presse quotidienne. Ensuite, il s’en prend non pas aux musulmans, mais aux catholiques eux-mêmes ; d’une part contre ceux qui font de la foi une sorte de morale humanitaire. Et d’autre part contre ceux qui prônent un relativisme culturel permettant de réinterpréter le message du Christ en fonction des différentes civilisations où il s’enracine. Contre quoi, il faut en revenir à l'Evangile de Jean : «Au commencement était le logos ». C’est là que l’essentiel du discours développe son argumentation : le sens véritable des Evangiles est dans l’union de la foi et de la raison, mais attention ! pas la ratio des Lumières, mais le logos de l’Hellénisme, c’est à dire une force capable à la fois de créer et de transmettre un sens.

Trapu, n’est-ce pas ? Je vous avais bien dit que le Pape ne s’adressait pas à tout le monde. Mais alors quid des musulmans ? Pourquoi les mettre en cause eux ? J’ai cru comprendre qu’ils n’étaient qu’un exemple de mépris de la raison : si je peux utiliser la violence en religion (dans le cas du jihad), c’est parce que l’adhésion raisonnée à la religion n’a pas de valeur spéciale. L’usage de la guerre pour convertir dans l’Islam serait donc un cas d’oubli de l’importance essentielle de l’union de la foi et de la raison.

Seulement voilà, on pouvait trouver d’autres exemples plus évidents (chez les chrétiens eux-mêmes) ou plus consensuel. Alors ?

(1) Texte intégral : http://www.zenit.org/french/visualizza.phtml?sid=94933

Tuesday, August 29, 2006

Citation du 30 août 2006

… quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps [politique] : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre.

Rousseau - Du contrat social livre I, chapitre 7

Voilà une phrase qui a fait couler beaucoup d’encre. Comment peut-on forcer quelqu’un à être libre ? Ne s’agit-il pas d’un paradoxe absolu, Rousseau ne se moque-t-il pas de ses lecteurs ? Et si ce n’est pas le cas, ne doit-on pas trouver ici la preuve de son amour de l’Absolutisme d’Etat, dont Robespierre devait se souvenir, obligeant ainsi beaucoup de citoyens à être libres…pendant la Terreur ?

Je laisserai de côté l’analyse de la rationalité de la liberté, qui suppose que les fins étant communes à tous, l’action de chacun doit être soumise à des lois universelles. Il me semble plus intéressant de souligner la singulière conception de la liberté que propose Rousseau : pour lui la liberté n’est qu’un moyen, au service de la loi de nature qui nous impose de préserver notre existence. La liberté se définit alors comme l’autonomie, c’est à dire la capacité de chacun à décider pour lui-même de ce qui lui convient en vue de sa survie. Je suis libre lorsque je fais mon propre bien, dit-il dans l’Emile ; je ne suis pas libre de faire mon propre mal. Si je décide de faire mon propre malheur, ce n’est pas un acte de ma liberté, parce que cela va contre ma nature.

Dès lors on peut donc sans difficulté forcer quelqu’un à être libre : il suffit pour cela de connaître son intérêt mieux que lui-même. Selon Rousseau, ceci ne peut arriver que dans deux cas bien précis : dans l’enfance (autorité légale du père) ; et lorsqu’on est soumis à la passion qui nous empêche de faire ce qui est bon pour nous. On dira alors que la volonté particulière l’emporte sur la volonté générale.

Un exemple : je peux estimer de mon intérêt (donc = conforme à un choix de ma liberté) que mes enfants aillent à l’école ; et pourtant je peux désirer frauder le fisc pour ne pas payer l’impôt qui financera leur instituteur. Et c’est là que le persécuteur percepteur m’obligera à être libre.