Sunday, May 09, 2010

Citation du 10 mai 2010

Le privilège de l'enfance pour qui la beauté, le luxe, le bonheur sont des choses qui se mangent.

Simone de Beauvoir – Mémoires d'une jeune fille rangée (1958)

L'un des privilèges de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges.

Victor Hugo

Au lieu de dire « Chaque age a ses plaisirs … », on ferait donc mieux de rectifier : « Chaque age a ses privilèges » ?

Peut-être. Néanmoins, c’est un peu par provocation que je place ici la citation de Victor Hugo, parce que si nous supposons que le vieillard est resté au fond, tout au fond de son âme un enfant, un adolescent et un adulte, nous hésiterons à parler de privilège devant tant de frustrations : le veillard-enfant qui ne peut plus courir après son ballon, le veillard-adolescent qui ne peut plus courir après les filles, le vieillard-adulte qui ne peut plus courir après la réussite sociale, etc…

Je suis par contre plus sensible à la formule de Simone de Beauvoir : chez l’enfant, le désir porte sur quelque chose qui se mange (comme en témoigne l’exemple du rêve donné par Freud dans L’introduction à la psychanalyse du petit garçon qui mange à longueur de rêves les cerises qu’on lui interdites).

Je crois en effet qu’il s’agit d’un privilège, s’il est vrai que ce qui se mange (ou plus largement ce qui peut s’acheter, comme le jouet si longtemps désiré) est effectivement chez l’enfant l’objet du désir et non un substitut commode de l’objet inaccessible (objet-a).

Que n’avons-nous, nous les vieillards – heu… pardon : les seniors, des désirs qui peuvent se satisfaire avec de l’argent ?

Je sais : il y a toujours autant de jolie filles dans la rue que de bonbons au chocolat chez le marchand. Oui…

Mais il est plus facile de trouver trois sous pour acheter les bonbons au chocolat que quelques milligrammes de testostérone pour irriguer nos vieilles artères.

2 comments:

Anonymous said...

La citation de V.Hugo est dans une certaine limite correcte en considérante que l'adulte-adolescent-enfant peut toujours courir après un ballon ou les filles !

Jean-Pierre Hamel said...

C'est effectivement vrai.
Mais je dirai que par chez moi, on n'en voit pas beaucoup des comme ça dans les rues...