Sunday, May 11, 2014

Citation du 12 mai 2014



L'avenir de l'homme est la femme / Elle est la couleur de son âme / Elle est sa rumeur et son bruit / Et sans elle il n'est qu'un blasphème / Il n'est qu'un noyau sans le fruit / Sa bouche souffle un vent sauvage / Sa vie appartient aux ravages / Et sa propre main le détruit
Louis Aragon – Le fou d’Elsa (Zadjal de l'avenir)

L'avenir de l'homme est la femme – n’épiloguons pas sur l’inversion des termes lorsque Jean Ferrat les chante : près tout c’est la licence poétique. L’essentiel est que lorsqu’Aragon évoque l’avenir – celui pour lequel nous vivons et travaillons, alors même que nous ne le connaitrons peut-être pas – c’est à la femme qu’il pense.
Ceux qui lisent ces Posts savent que j’évite de commenter les poèmes, afin de laisser libre cours à l’imagination de chacun : on peut le faire sans difficulté tout au long de ce long poème. Reste que pour Aragon, le progrès de l’humanité a un visage et un nom : la femme. (1)
L’idée banale c’est que la femme c’est la maternité : elle est celle qui procrée (= l’avenir) et surtout celle qui accueille le nourrisson et lui apprend à connaitre l’humanité dans la chaleur et la douceur de son corps. Si je dis que cette représentation est banale, ce n’est pas pour la dévaluer, c’est pour dire que nous n’avions pas besoin d’Aragon pour l’avoir. Pour contre, avec le poète on comprend que la femme est dans chaque instant présent la preuve que l’humanité a un avenir – et surtout, qu’elle mérite d’avoir un avenir.
Que serait l’humanité sans la Femme ? Un blasphème, un noyau sans le fruit, un vent sauvage à la bouche, une menace de ravages, une Humanité qui s’autodétruit.
Oui, sans les femmes, il ne serait même pas nécessaire d’attendre l’extinction de l’humanité devenue stérile : elle se détruirait par la sauvagerie de ses haines avant cela.
- Devons-nous souhaiter que l’Humanité ait un avenir ? Qu’elle se perpétue encore et encore ? Bien des écologistes pensent que non, et que le meilleur service que les hommes puissent rendre à la Nature, c’est de disparaitre.
Eh bien Aragon nous donne à penser qu’il faudrait pleurer cette perte. Pleurer la disparition des hommes parce qu’un homme sur deux est une femme.
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(1) C’est également ce que nous disait Baudelaire (cf. ici)

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