Thursday, September 11, 2008

Citation du 12 septembre 2008

Le drame quand on a pris l'habitude de gagner de l'argent c'est que plus rien n'est gratuit.

Philippe Bouvard – Journal 1992-1996

Supposez que vous soyez naufragé sur une île déserte, seul rescapé, avec une valise pleine de billets de banque (ou de lingot d’or). Vous seriez bien forcé d’admettre que l’argent ne vaut rien quand on ne peut l’échanger contre ce que d’autres ont produit, et que de ce fait, tout ce que vous allez utiliser pour vivre est absolument gratuit.

La remarque de Philippe Bouvard mène aussi à remarquer qu’être riche signifie qu’on ne produit plus rien. Il faut donc tout acheter.

… Hélas ! Ce gentil développement ne fait que masquer la triste réalité. Les riches vivent dans un monde où ils doivent acheter aussi les autres, ou plutôt leur amabilité, leur politesse, voire même – oui : leur amour. Ou si vous préférez leurs marques d’amour.

On dit en effet que les riches finissent par payer tout ce qu’on leur prodigue, le pourboire à celui qui tient la porte, le repas offert à l’inconnu qui a dépanné sur le bord de la route… parce que c’est comme ça qu’ils sont sûrs de la sincérité des gens.

Cela nous suffit-il ? Accepterons-nous de plaindre les riches et de nous féliciter d’être pauvres, parce que notre monde à nous, les pauvres, est un monde où la sincérité est la règle : celui qui me sourit le fait sans me tendre la main parce qu’il sait qu’il n’a rien à gagner ; et en plus qu’il pourrait me faire s’il en avait l’envie une grimace sans redouter de moi quoique ce soit.

Réconfortant ? Sans doute, mais de moins en moins. J’ai eu l’occasion de dépanner des gens dont la voiture était en panne de batterie : ils avaient des câbles, j’ai ouvert le capot de ma voiture, on a branché tout ça et c’est reparti. Hé bien, ils voulaient absolument me donner de l’argent et ils semblaient très déçus de mon refus. J’ai été obligé de leur dire que leur sourire me dédommageait largement : formule usée jusqu’à la corde, mais que pourtant ils ne comprenaient pas vraiment…

2 comments:

Djabx said...

ils voulaient absolument me donner de l’argent et ils semblaient très déçus de mon refus

En même temps vous refusez la seule chose qui aie de la valeur dans nos sociétés: l'argent.

Les pays "occidentaux" ont pour seul objectif la croissance du PNB et du PIB.
On remarquera qu'aujourd'hui en france, on ne parle que de "pouvoir d'achat" à la place du "moral des Français".
Comme si le bonheur était d'acheter, et rien d'autre.
Alors forcement dans ce monde là, vous passez pour un original de ne pas vouloir un peu plus de leur "bonheur" (de l'argent) et juste de vous contenter d'un sourire (qui n'a aucune valeur vénale).

Bref, on est très loin du Bhoutan qui a pour devise nationale le bonheur de ses concitoyens avec son BNB (bonheur national brut).

Jean-Pierre Hamel said...

Que dire?
Sinon qu'on ne s'étonne plus que Notre-Président parte en guerre contre ce qu'il va appeler le manque de religiosité...
Amen !