Saturday, September 10, 2011

Citation du 11 septembre 2011

Oserais-je exposer ici la plus grande, la plus importante, la plus utile règle de toute l'éducation ? Ce n'est pas de gagner du temps, c'est d'en perdre.

Jean-Jacques Rousseau – Émile ou de l'éducation

J’avoue que faute de contexte cette citation a de quoi faire sursauter : notre époque voit en effet dans le temps scolaire une période d’accumulation des connaissances dans un minimum de temps, et la perte de temps y est toujours conçue comme un échec.

Ce que Rousseau explique dans ce passage, c’est qu’il faut savoir attendre le bon moment pour introduire de nouvelles connaissances, qu’il faut ne les présenter à l’enfant que quand il est capable d’en tirer bénéfice. Donc, perdre du temps, c’est ne pas tenir compte de certaines potentialités de l’enfant pour n’introduire les apprentissages que quand les autres potentialités sont épanouies. L’exemple qu’il donne, c’est la lecture, dont pourtant toute l’instruction dépend. Il faut, dit-il attendre pour l’enseigner que l’enfant soit en état de comprendre ce qu’il lit. Donc pas avant 8 ans.

Oui : ça surprend. Mais c’est que notre philosophe avait horreur des singes savants, et qu’il considérait que les petits avaient une forte propension à le devenir, répétant doctement sans rien y comprendre ce qu’ils venaient de lire.

Émile, nous dit Rousseau, ne commencera pas son éducation scolaire avant 8 ans ; mais à partir de là il apprendra beaucoup et très vite. Très vite parce que, selon lui, l’enfant n’apprend plus rien – scolairement – après la puberté. Ce qui nous donne une scolarité étendue sur 5 ans (entre 8 ans et disons 13 ans).

On sursautera en lisant ça ; perdre du temps, c’est grave, car le temps perdu sur l’apprentissage ne se rattrape pas. Mais il faut se rappeler que Rousseau fut avant tout un autodidacte, et que s’il apprit beaucoup de madame de Warens, celle-ci avait tout autre chose à lui apprendre que la botanique, le latin et la musique (1)…

Bref : on a le tort de croire que seule l’école peut nous apprendre ce qui nous servira toute notre vie. Ce qu’il faut apprendre, c’est ce qui nous servira ensuite à apprendre par nous-mêmes. Quand l’école va au-delà, c’est une grande chance quand elle ne nous dégoute pas de ce qu’elle nous enseigne.

--> Voyez comment Notre-Président a aujourd’hui encore des comptes à régler avec la Princesse de Clèves…

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(1) Quoi donc ? Il faut vraiment tout vous dire ? Bon : disons alors que ce n’est pas notre époque qui a inventé les femmes cougars.

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