Saturday, September 24, 2011

Citation du 25 septembre 2011

On ne désire plus rien de ce qu'il y a dans les boutiques quand on fait ce que j'ai fait. J'avais dépassé l'argent. Je lui ai refusé une bonne fois mon allégeance. J'ai estimé le temps qu'il m'avait fait perdre; la puissance qu'il m'avait fait gaspiller. Et, comme tu as crié devant un autre gaspillage : ah, que la chasteté est belle! j'ai pensé que l'économie est une des choses les plus belles qui soient.

V. Larbaud – Barnabooth, 1913

Voilà une citation qui s’articule en plusieurs citations : La Citation du jour est devenue le Cadeau du jour.

J'avais dépassé l'argent. L’argent, entendu comme ce qui doit être dépassé (comme Nietzsche dit que l’homme est ce qui doit être dépassé)… Qu’y a-t-il au-dessus de l’argent ?

Je lui ai refusé une bonne fois mon allégeance. On l’a vu hier, l’allégeance est serment de soumission – ici à l’argent-roi. A quoi va-t-on se soumettre à présent ?

Ah, que la chasteté est belle ! La chasteté plutôt que le gaspillage : ne plus être, comme l’homme-à-qui-vous-pensez, celui qui sperme à tout vent – voilà qui va réjouir bien des gens. Oui, mais qui : les vieux impuissants, ou bien les jeunes attirés par la sainteté ? --> Quelle sainteté ?

L’économie est une des choses les plus belles qui soient. L’économie entendue comme art d’épargner ses biens, érigée au rang de vertu, hissée au niveau de la chasteté ! Que gagne-t-on à ne plus rien dépenser ?

Ces quelques questions, nous allons pouvoir y réfléchir maintenant que la crise s’appesantit sur nous. D’ailleurs, elles se résolvent toutes les unes dans les autres, et elles se résument dans celle-ci : qu’y a-t-il au-dessus de l’argent ?

- Qu’y a-t-il au-dessus de l’argent ? J’hésite à répondre, tant cette question nous heurte, non seulement parce qu’elle prend à rebrousse-poil les habitudes de notre société de consommation, mais aussi parce qu’elle est finalement une question métaphysique.

En tout cas, c’est une bonne question : voilà une occasion de se réjouir de la « cure d’austérité » que le pouvoir s’apprête à nous infliger.

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