Monday, April 28, 2008

Citation du 28 avril 2008

L’âme, c’est ce qui refuse le corps. […]. Ce beau mot ne désigne nullement un être, mais toujours une action.

Alain - Définitions

Ici, nous avons un collage : j’ai mis le début et la fin du texte. Qu’on m’en excuse et qu’on aille lire ce bref paragraphe ici.


Admirable simplicité de la philosophie : là où théologiens et penseurs de tous acabits se déchirent le cortex à trouver une définition convaincante de l’âme, Alain arrive et nous prouve qu’une telle définition est d’abord ce qui nous permet de décrypter le réel (1)

- Supposons un instant que l’âme ne soit pas ce qui refuse le corps : nous ne serions que l’expression de ce qui se passe en lui. Nous serions comme une feuille morte dans le vent d’automne : non seulement nous serions remplis des représentations issues de nos besoins (le parfum du poulet rôti quand j’ai faim), mais encore nous serions conditionné à être ce que notre environnement produit (léger en été, pesant en hiver…).

Bref, l’humain (et sans doute aussi l’animal) est caractérisé par une capacité à imprimer dans la réalité quelque chose qui ne s’y trouvait pas avant lui, quelque chose qui ne résulte pas simplement des désirs ou des pulsions issues de notre organisme. Mais, comme la pression du corps est constante, alors l’humain n’existe qu’à condition de reléguer les exigences du corps au second plan. C’est cette capacité de mise à distance que Alain appelle l’« âme ».

Freud quant à lui opposait le principe de plaisir au principe de réalité : l’un consiste à donner immédiatement satisfaction aux pulsions et à leur jouissance ; l’autre impose le délai dans cette recherche en tenant compte des exigences du monde réel. Alors certes, dans l’un comme dans l’autre cas, nous sommes soumis à des déterminismes qui nous agitent comme la feuille d’automne emportée par le vent : tantôt je travaille, tantôt je jouis, suivant la pulsion qui possède la plus grande intensité. Bref, refuser le corps ça n’est pas toujours possible.

Reste que je peux choisir entre ces déterminismes : choisir l’un c’est refuser l’autre.

(1) Pascal soulignait déjà que la définition d’un terme était entièrement libre (2) : oui, encore faut-il que l’usage en révèle la fécondité.

(2) « il n'y a rien de plus permis que de donner à une chose qu'on a clairement désignée un nom tel qu'on voudra. » - De l'esprit géométrique et de l'art de persuader

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