Thursday, July 29, 2010

Citation du 29 juillet 2010

14 - Jardin fermé, ma soeur-fiancée, onde fermée, source scellée !

15 - Tes effluves, un paradis de grenades, avec le fruit des succulences, hennés avec nards;

16 - nard, safran, canne et cinnamome avec tous les bois d'oliban; myrrhe, aloès, avec toutes les têtes d'aromates !

17 - Source des jardins, puits, eaux vives, liquides du Lebanôn !

18 - Éveille-toi, aquilon ! Viens, simoun, gonfle mon jardin !

Que ses aromates ruissellent !

Mon amant est venu dans son jardin; il mange le fruit de ses succulences.

Cantique des cantiques 4, 14-18 (Traduction d’André Chouraqui)

Cantique des cantiques – 2

Mon amant est venu dans son jardin; il mange le fruit de ses succulences.

La sensualité du cantique des cantiques vient disions-nous hier de ce que la totalité des sens se trouve mobilisée pour évoquer les jouissances de l’amour. Et si le « prurit du sexe » (pour parler comme l’Eglise) n’est pas présent dans ce texte, c’est qu’il n’a pas plus de force que le plaisir de humer l’odeur de l’amant, de savourer le goût de sa peau et le soyeux de ses cheveux, etc…

Hier donc, l’amant était une senteur de myrrhe entre les seins de sa belle. Aujourd’hui, c’est cette belle fiancée (1) qui s’offre à la dévoration de son amant.

Car la progression est sensible ici : certes ce sont les senteurs du jardin qui symbolisent de corps féminin ; mais aussi ces senteurs ne sont pas seulement dégagées par des fleurs ou des arbres odoriférants. Ce sont aussi des senteurs de fruits – de fruits qu’on va mordre à belles dents.

Ce passage du Cantique nous permet de préciser ce que signifie de décloisonnement dont nous parlions hier. Si les sensations ne sont jamais isolées les unes des autres c’est parce que – par exemple – un parfum est différent selon qu’il se trouve enfermé dans un flacon ou exhalé par une fleur du jardin. Et de même l’odeur de rose ne saurait être confondue avec celle de la pèche, parce que l’odeur de pèche est toujours en même temps saveur d’un fruit qu’on pourrait mordre.

Merleau-Ponty disait que le rouge du tapis était toujours le rouge laineux du tapis.

La parfum de la belle est celui de la grenade, parce qu’on peux la mordre, la sucer, la mâchonner…



Pardon, je n’égare…


(1) Même la traduction Segond donne : 12 - Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée

Faute de références je ne saurais dire s’il y a une invitation à l’amour incestueux, ou bien si on est dans une métaphore « pharaonique ».

No comments: