Sunday, November 13, 2016

Citation du 14 novembre 2016

Quel est le meilleur gouvernement ? Celui qui nous enseigne à nous gouverner nous-mêmes.
Goethe – Sentences en proverbes
Il ne faut pas faire par des lois ce qu'on peut faire par les mœurs.
Montesquieu – Le Spicilége, Pensée n° 1007 (cité le 6-3-2015)


Il semble bien que Goethe assimile le gouvernement politique à l’éducation que les parents devraient donner à leurs enfants et qui a pour but de les affranchir de leur tutelle.
On ne pose jamais la question « A quoi les parents doivent-ils préparer leurs enfants ? » parce qu’il est évident que c’est à leur indépendance. Alors de la même façon, Goethe estime que le gouvernement n’a qu’un rôle transitoire, qui est de mener le peuple à s’affranchir des lois. C’est que la politique est confondue avec la morale, et les lois avec les préceptes. Le Chef d’Etat n’a besoin d’autorité que sur un peuple mineur, il devra s’effacer quand celui-ci sera majeur (c’est ce que Kant expliquait dans Qu’est-ce que les lumières ? – à lire ici) – ce qui ne veut pas dire que la liberté n’a pas de limites, que la morale doit tracer.

Occasion pour rappeler que le 18ème siècle, considéré comme le berceau de nos institutions politiques avait une compréhension fort différente de celles-ci.
Comme on le voit, la morale était au centre de la vie sociale, dans la mesure où les mœurs devaient suffire à régler les relations entre les hommes ; comme le rappelle notre Citation-du-jour, Montesquieu le disait : « On ne doit pas faire par les lois ce qu’on peut faire par les mœurs. »
Reste qu’aujourd’hui la politique s’étend bien au-delà du comportement des citoyens : les ministères dont la liste est fort longue assument des responsabilités extrêmement variées – tel que le commerce, les affaires étrangères, la justice, l’éducation, etc. Le 18ème siècle, siècle des lumières ne l’oublions pas, estimait que s’il fallait des lois, alors elles devaient être définitives : les Pères fondateurs (1) personnages quasiment mythiques avaient écrit une fois pour toutes les lois de la Nation, qui depuis restaient gravées dans le marbre. Quant au reste, commerce, industrie, éducation, culture, c’était l’affaire de la religion ou des simples individus.
La crise économique et financière qui aujourd’hui menace nos Etats en frappant d’impuissance leurs décrets politiques, nous invite à réfléchir aux solutions découvertes dans le passé : on a déjà fait le chemin pour ce qui concerne les attributions retirées aux services publics et déléguées au secteur privé ; reste le domaine des valeurs : demandons à Google de pondre la charte de l’éducation européenne collective – et de financer les écoles et universités.
J’arrête, parce que je vais recevoir des cailloux…
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(1) Voir le monument des Pères réformateurs de Genève 

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