Quel est le meilleur gouvernement ? Celui qui nous enseigne
à nous gouverner nous-mêmes.
Goethe
– Sentences en proverbes
Il ne faut pas faire par des lois ce qu'on peut faire par
les mœurs.
Montesquieu
– Le Spicilége, Pensée n° 1007 (cité le 6-3-2015)
Il semble bien que Goethe assimile le gouvernement politique
à l’éducation que les parents devraient donner à leurs enfants et qui a pour
but de les affranchir de leur tutelle.
On ne pose jamais la question « A quoi les parents
doivent-ils préparer leurs enfants ? » parce qu’il est évident que
c’est à leur indépendance. Alors de la même façon, Goethe estime que le
gouvernement n’a qu’un rôle transitoire, qui est de mener le peuple à
s’affranchir des lois. C’est que la politique est confondue avec la morale, et
les lois avec les préceptes. Le Chef d’Etat n’a besoin d’autorité que sur un
peuple mineur, il devra s’effacer quand celui-ci sera majeur (c’est ce que Kant
expliquait dans Qu’est-ce que les
lumières ? – à lire ici) – ce qui ne veut pas dire que la liberté n’a
pas de limites, que la morale doit tracer.
Occasion pour rappeler que le 18ème siècle,
considéré comme le berceau de nos institutions politiques avait une
compréhension fort différente de celles-ci.
Comme on le voit, la morale était au centre de la vie
sociale, dans la mesure où les mœurs devaient suffire à régler les relations
entre les hommes ; comme le rappelle notre Citation-du-jour, Montesquieu le
disait : « On ne doit pas faire par les lois ce qu’on peut faire par
les mœurs. »
Reste qu’aujourd’hui la politique s’étend bien au-delà du
comportement des citoyens : les ministères dont la liste est fort longue
assument des responsabilités extrêmement variées – tel que le commerce, les
affaires étrangères, la justice, l’éducation, etc. Le 18ème siècle,
siècle des lumières ne l’oublions pas, estimait que s’il fallait des lois,
alors elles devaient être définitives : les Pères fondateurs (1)
personnages quasiment mythiques avaient écrit une fois pour toutes les lois de
la Nation, qui depuis restaient gravées dans le marbre. Quant au reste,
commerce, industrie, éducation, culture, c’était l’affaire de la religion ou
des simples individus.
La crise économique et financière qui aujourd’hui menace nos
Etats en frappant d’impuissance leurs décrets politiques, nous invite à
réfléchir aux solutions découvertes dans le passé : on a déjà fait le
chemin pour ce qui concerne les attributions retirées aux services publics et
déléguées au secteur privé ; reste le domaine des valeurs : demandons
à Google de pondre la charte de l’éducation européenne collective – et de
financer les écoles et universités.
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(1) Voir le monument des Pères réformateurs de Genève
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