Monday, December 04, 2017

Citation du 5 décembre 2017

Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands, ils les jugent ; quelquefois, ils leur pardonnent.
Oscar Wilde / Le portrait de Dorian Gray
Etre adulte, c'est avoir pardonné à ses parents.
Goethe (Cité le 13-5-2006)
Semaine Oscar Wilde III

Dans quelle temporalité vivons-nous ? Le passé est-il vraiment passé, notre enfance est-elle une période révolue – et révolus en même temps nos rapports avec nos parents ?
Car, si comme le suggèrent nos Citations-du-jour, nous conservons le pouvoir de les juger et de leur pardonner, n’est-ce pas que quelque chose de ce passé continue de vivre en nous, que nous continuons de souffrir de ce qu’ils nous ont fait subir ou au contraire, en pensant à eux, ne mouillons-nous pas de larmes psychiques le centre émotionnel de notre cerveau ?

On dira sans doute que seuls les névrosés sont dans ce cas, et que pour les autres, ce pouvoir qui nous est attribué de revenir sur notre passé reste une abstraction, un cas d’étude et non un évènement vécu.
C’est peut-être vrai. Mais sommes-nous si sûrs que cette page de l’enfance soit en effet tournée, que Maman-Papa soient devenus des ombres qui ne peuvent plus jamais coïncider avec le présent ? Déjà, leur mort réelle ou imaginée est une déchirure sans équivalent : « C’était mon papa… » et voici qu’à ce souvenir, sans que j’aie à réfléchir, sa main reprend la mienne et puis qu’elle la lâche – à tout jamais… L’espace d’un court instant, j’ai eu de nouveau cette petite main de 4 ans, j’ai senti qu’elle était enveloppée dans cette main rude et forte de l’adulte.
Si jamais l’inconscient psychique a un sens c’est bien celui-là, et il a le pouvoir de renaitre dans la tasse de thé mêlée de bribes de gâteau – comme chez Proust.

Maintenant, accepterons-nous de dire qu’il est possible de pardonner à ses parents ? Déjà, il faut admettre qu’on ait quelque chose à leur pardonner. Mais il faut admettre aussi, comme le suggérait Bergson, que le passé fait partie du présent, que celui-ci n’en est que le prolongement. Et alors, comme dans les analyses de l’historien, nous verrons l’évènement que nous avions autrefois condamné, être réhabilité aujourd’hui en fonction de ses lointaines conséquences.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

ne mouillons-nous pas de larmes psychiques le centre émotionnel de notre cerveau ?

Déjà, leur mort réelle ou imaginée est une déchirure sans équivalent :
ce document me touche vraiment

oui avons nous vraiment à leur pardonner. Mettre au monde , et faire avec çà... souvent on ignore tout ce que cela comporte et des impers peuvent se faire ...
oui très belle écho
avec ce beau texte que vous avez écrit sur mon blog
je vous embrasse très cher jena pierre
à bientôt et chaque jour