Monday, January 11, 2016

Citation du 12 janvier 2016

La peur des étrangers n'était pas /au 18ème siècle/ le sentiment éprouvé par celui qui était assiégé par une minorité inconnue et menaçante mais plutôt la crainte diffuse d'une chute sociale qui pouvait intervenir dans tout parcours.
Simona Cerutti – Étude d'une condition d'incertitude dans une société d'Ancien Régime.
Art Wiki
Lisons le début de l’article « Etranger » consacré par Wiki à l'historienne Simona Cerutti, qui se base sur une analyse des archives des États de Savoie au 18ème siècle : « le terme étranger peut très bien ne pas s'appliquer à une personne venue d'ailleurs, mais plutôt à une personne installée depuis longtemps qui peut parfaitement être définie comme étrangère : c'est l'appartenance au réseau local qui en est le critère. Par exemple, l'appartenance est reconnue à celui qui participe aux institutions charitables, tandis qu’elle est refusée aux miséreux. » (1)
On devine que les étrangers sont partout et même qu’il devrait y en avoir de plus en plus, puisque les réseaux sont multipliés par les procédés de communication actuels : le foisonnement des canaux de communication contribue à fractionner ceux qui les utilisent en groupes hétérogènes. Autrefois on appartenait à son village et tous ceux qui étaient regroupés autour d’un autre clocher étaient des étrangers ; de nos jours, il suffit de créer un réseau d’amis sur Internet et vous voilà intégré dans un groupe – ce qui veut dire que les autres qui n’en font pas parti sont … des étrangers. Bien sûr on va protester : nous sommes à l’époque de la mondialisation, force centrifuge qui s’oppose à la création de ces isolats. Bien sûr… mais admettons quand même que ces deux forces coexistent, et que la force centripète qui isole les étrangers doit être particulièrement forte là où la mondialisation est inconnue (dans les lointains villages) ou bien là où elle est redoutée (partout ailleurs).

Car voici le second point : « La peur des étrangers /résulte/ de la crainte diffuse d'une chute sociale » (Citation-du-jour). Oui en temps de crise économique, la peur est celle d’un déclassement social : peur du chômage ; peur que nos enfants vivent moins bien que nous. L’étranger est celui – quelle que soit sa nationalité – qui vient nous prendre notre travail, nos allocs, notre sécu. Dehors les étrangers ! cela veut dire : « Je refuse à tous ceux qui ne sont pas « de ma race » (comme diraient nos djeun’s) les emplois et les avantages sociaux redistribués par l’Etat. »
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(1) On suppose que ça marche aussi en ses inverse: quelqu'un "venu d'ailleurs" mais faisant partie du réseau local ne sera pas considéré comme étranger. Ca s'appelle l'intégration.

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