En définitive, les victimes des guerres sont mortes pour
rien. Seulement, elles sont mortes pour nous.
Georges
Clemenceau – Discours de paix
Ce qui fait la force de certaines citations comme celle-ci
est de ne pas conclure tout en conduisant invinciblement le lecteur à le faire
de lui-même.
- Ainsi de notre Citation-du-jour qui use du schéma de la
transitivité logique : si (a) implique (b) et si (b) implique (c), alors
(a) implique (c). (1)
Donc si « mourir
à la guerre » implique « mourir
pour rien » et si « mourir
pour rien » c’est « mourir
pour nous, » alors c’est que ce « rien
» n’est autre que « nous ».
C’est d’une logique implacable, vous n’y pouvez rien changer.
Mais la force de cette conclusion inéluctable c’est aussi de
nous obliger à admettre que ces victimes sont mortes de façon parfaitement
inutiles, et que la patrie dont le drapeau a été rougi dans leur sang se bornera
à le laver : ça pourra resservir pour la prochaine !
Conclusion cynique ? Oui, surtout en 1918, à l’époque
où les familles éplorées cherchaient dans les honneurs officiels un semblant de
consolation pour la perte des maris, des pères, des frères, des fils.
Cette horrible guerre
(pléonasme) a souillé les valeurs dont elle prétend s’orner : l’héroïsme qui
consistait en réalité à rester le plus longtemps possible vivant sous les
obus ; et l’honneur de mourir … pour la gloire des généraux.
D’ailleurs, il se peut qu’en ce jour on passe devant ces monuments
aux morts érigés après la guerre. Nous en avons reproduits parfois quelques uns
qui étaient forts contestataires (voir ici). Mais ce sont des exceptions –
quoique : si tous rendent avec émotion hommage aux morts de la guerre et
aux pauvres veuves et orphelins qui les pleurent, jamais – absolument jamais –
n’apparaît le gradé qui leur a ordonné de marcher à l’abattoir.
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(1) Il s’agit de la transitivité de l’implication (voir ici)
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