Thursday, November 10, 2016

Citation du 11 novembre 2016

En définitive, les victimes des guerres sont mortes pour rien. Seulement, elles sont mortes pour nous.
Georges Clemenceau – Discours de paix


Ce qui fait la force de certaines citations comme celle-ci est de ne pas conclure tout en conduisant invinciblement le lecteur à le faire de lui-même.
- Ainsi de notre Citation-du-jour qui use du schéma de la transitivité logique : si (a) implique (b) et si (b) implique (c), alors (a) implique (c). (1)
Donc si « mourir à la guerre » implique « mourir pour rien » et si «  mourir pour rien » c’est « mourir pour nous, » alors c’est que ce « rien  » n’est autre que « nous ». C’est d’une logique implacable, vous n’y pouvez rien changer.
Mais la force de cette conclusion inéluctable c’est aussi de nous obliger à admettre que ces victimes sont mortes de façon parfaitement inutiles, et que la patrie dont le drapeau a été rougi dans leur sang se bornera à le laver : ça pourra resservir pour la prochaine !
Conclusion cynique ? Oui, surtout en 1918, à l’époque où les familles éplorées cherchaient dans les honneurs officiels un semblant de consolation pour la perte des maris, des pères, des frères, des fils.
Cette  horrible guerre (pléonasme) a souillé les valeurs dont elle prétend s’orner : l’héroïsme qui consistait en réalité à rester le plus longtemps possible vivant sous les obus ; et l’honneur de mourir … pour la gloire des généraux.
D’ailleurs, il se peut qu’en ce jour on passe devant ces monuments aux morts érigés après la guerre. Nous en avons reproduits parfois quelques uns qui étaient forts contestataires (voir ici). Mais ce sont des exceptions – quoique : si tous rendent avec émotion hommage aux morts de la guerre et aux pauvres veuves et orphelins qui les pleurent, jamais – absolument jamais – n’apparaît le gradé qui leur a ordonné de marcher à l’abattoir.
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(1) Il s’agit de la transitivité de l’implication (voir ici)

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