Thursday, October 19, 2006

Citation du 20 octobre 2006

Ah ! si on pouvait faire disparaître la faim en se frottant le ventre

Diogène de Sinope (aussi appelé : Diogène le Cynique)

Déconseillé aux moins de 12 ans

Diogène le cynique se masturbait sur l’acropole ; devant les passants - je suppose - scandalisés, il se contentait de regretter qu’il ne soit pas aussi simple de calmer sa faim. Les cyniques sont des philosophes qui affectaient de vivre comme des chiens (1). Diogène vivait dans une amphore (=le tonneau qu’on lui attribue) assimilée à la niche du chien. Et bien sûr il satisfaisait ses besoins et assouvissait sa libido au vu et au su de tout le monde, donc comme les chiens. Diogène est-il un philosophe ? Oui, s’il donne à penser. Qu’y a-t-il donc à penser ici ?

Ce que nous dit Diogène, c’est que le désir sexuel et la faim ne sont pas de même nature : d’un côté le désir dont la satisfaction fait appel à notre faculté imaginative c’est-à-dire au fantasme ; de l’autre le besoin qui ne peut être satisfait que par l’acquisition d’un élément matériel. Le nourrisson affamé peut bien « halluciner » le sein de sa mère ; il aura toujours faim. Devenu adolescent, s’il hallucine encore le sein maternel, ce ne sera plus pour calmer sa faim. Et le résultat sera - peut-être - celui dont nous parle Diogène.

Diogène nous donne à croire que le désir est supérieur au besoin parce qu’il dépend uniquement de nous de le satisfaire. Erreur. Le fantasme ne suffit pas à satisfaire nos désirs ; il ne peut le faire qu’à condition de se projeter sur la réalité, de l’habiller à sa façon : il a besoin de cette réalité pour exister, et surtout pour aboutir. D’ailleurs Diogène ne se contentait pas de fantasmer ; il se « frottait le ventre ». Supposez qu’il ait été tétraplégique (à supposer que dans ces conditions sa libido ait encore eu quelque chose à dire) : il aurait bel et bien eu besoin d’un secours extérieur pour se satisfaire.

Vous n’êtes pas choqué au moins ? Si c’est le cas, voyez mon avertissement liminaire.

(1) Cynique vient de « kunos » qui en grec signifie : chien.

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